Des experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont appelé jeudi la France à garantir l’accès à l’eau potable en Guadeloupe. Ils dénoncent une situation « particulièrement grave ». Zoom
Des experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont exhorté la France à assurer l’accès à l’eau potable en Guadeloupe, face aux coupures d’eau récurrentes dans le département français des Caraïbes.
Depuis le 19 mars, plusieurs communes de l’île ont subi des coupures d’eau totales ou partielles conséquence d’une rupture de la principale canalisation reliant la Basse-Terre à la Grande-Terre après des « actes de malveillance ».
Plus de 60% de l’eau potable « est perdue »
Depuis des décennies, la Guadeloupe connaît des coupures d’eau organisées par l’opérateur pour alimenter tour à tour les communes de l’île. Fin 2021, une régie unique a été mise en place pour tenter de résorber les problèmes mais connaît de nombreux obstacles politiques « et financiers ».
Dans ce contexte, des experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont appelé jeudi la France à garantir l’accès à l’eau potable en Guadeloupe. Elles pointent du doigt un ensemble de défaillances :
« Un réseau vétuste, des canalisations qui fuient, des stations d’épuration défectueuses, un logiciel de facturation défaillant, entre autres dysfonctionnements, sont le résultat de nombreuses années de négligence de la part des opérateurs privés, des collectivités locales et de l’Etat »
Selon eux, plus de 60% de l’eau potable en Guadeloupe est perdue avant d’atteindre les robinets à cause de fuites, entraînant un important gaspillage. Les experts dénonce « une situation particulièrement grave pour les plus défavorisés, la Guadeloupe étant le département français où les prix de l’eau sont les plus élevés ».
L’omniprésence du chlordécone
Les experts mettent en lumière les graves conséquences des interruptions d’eau, notamment la contamination régulière due à l’infiltration de polluants lors des fuites dans le réseau de distribution.
La présence persistante du chlordécone, un pesticide toxique, impacte gravement les droits humains, notamment à la santé, à l’eau et à un environnement sain. Près de 90% des adultes aux Antilles françaises sont contaminés, entraînant des taux de cancer de la prostate records.
« La France doit prendre ses responsabilités en veillant à ce que la contamination ne continue pas à s’étendre et en mettant en place des mesures de compensation pour l’ensemble de la population touchée »
Les experts soulignent enfin que les propositions budgétaires importantes présentés par le gouvernement français pour résoudre les problèmes liés à l’eau doivent inclure « un large processus de participation sociale ».
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