Suite à la résiliation du contrat liant le groupe scolaire musulman Al-Kindi à l’Etat, les parents d’élèves et leurs enfants restent sous le choc d’une décision jugée « agressive ». La direction de l’établissement a déposé un recours devant le Tribunal administratif et une cagnotte en ligne a été lancée. Le point de la rédaction.
La préfecture du Rhône a retiré, vendredi dernier, l’agrément du collège-lycée Al Kindi, laissant les familles et l’établissement dans l’incertitude. Ce retrait met en péril le financement de l’école, jusqu’alors soutenue par le ministère de l’Éducation nationale à hauteur de 1,5 million d’euros par an, soit 50 % de son budget. Les familles redoutent une augmentation des frais de scolarité.
Une décision « qui fait mal aux enfants et aux parents »
Entre tristesse et colère, les parents dénoncent une décision qu’ils jugent injuste. « En tant que parent, j’étais très en colère », confie une mère de famille. « Je trouve que l’on n’est pas traité comme les autres ».
Un autre parent d’élève ajoute : « Je pense qu’il faut une cellule psychologique pour nos enfants. […] À 15 ou 16 ans, ils se sentent en deuil ». Les élèves, profondément affectés, craignent pour leur avenir. Une mère témoigne : « Cette décision impacte mes enfants. […] C’est une décision qui fait mal aux enfants et aux parents ».
Les lycéens redoutent une fermeture de l’école et veulent « rester avec leurs camarades, leurs amis, leurs enseignants« , explique un parent.
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Un traitement agressif et différencié
Les accusations portées par la préfecture suscitent une forte incompréhension. « On a bien senti que c’était une décision très agressive », estime un parent d’élève. Nicolas Thierry Jebali, père de deux élèves, qualifie les griefs contre Al Kindi de « fallacieux ». « Il y a beaucoup d’autres établissements privés qui ont des problèmes et à qui on accorde des reports ».
Il cite en comparaison des établissements privés tels que le lycée Stanislas, qui bénéficient de plus de clémence. Richard Marion, conseiller métropolitain écologiste, critique l’absence de dialogue préalable :
« Pourquoi n’y a-t-il pas eu de dialogue constructif qui est normalement le sens d’une évaluation avec des améliorations qui sont demandées. Pourquoi aucun calendrier n’a-t-il été proposé avec de nouvelles inspections ? Nous aurions aimé une démarche constructive qui pose des exigences fortes pour aller jusqu’au bout du respect de la loi. »
Le deux poids, mille mesures
Farid Ben Moussa, conseiller municipal de Vénissieux, dénonce un « deux poids, mille mesures », dans un texte publié sur le site Lyon-mag. Il s’étonne notamment que le directeur de l’établissement « adjoint à la mairie de Saint-Étienne », soit jugé « trop extrémiste » pour une école mais compétent « pour gérer une ville de plus de cent mille habitants ».
« Aujourd’hui, des « atteintes aux valeurs de la République » condamnent Al-Kindi, comme hier elles avaient condamné Averroès dans le Nord. Seuls deux lycées ont perdu leur agrément en trente ans, et sans surprise, ce sont deux établissements musulmans. »
La direction de l’établissement Al Kindi a déposé un recours devant le Tribunal administratif. Une opération de financement participatif a notamment été lancée pour combler le manque de subventions.
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