Une association à Reims, expulsée de son local dans le quartier Croix-Rouge, a organisé ce samedi une manifestation avec une centaine de fidèles pour protester contre la fermeture de sa mosquée et réclamer le droit de prier « dignement en dehors de la rue ». Explication.
Une petite centaine de fidèles musulmans, privés de leur salle de prière depuis le 6 décembre dernier, ont manifesté ce samedi 2 mars devant la Poste du quartier Croix-Rouge à Reims.
La manifestation était organisée par l’association Alliance qui avait l’usage de la salle jusqu’à sa fermeture par le Foyer rémois. Les fidèles réclamaient, à la municipalité, un nouveau lieu de culte « au nom du principe de la laïcité ».
Une fermeture brutale en décembre
Rappel des faits : La rénovation urbaine de Reims avait ordonné une réhabilitation de l’immeuble abritant la salle de prière, utilisée par l’association Alliance depuis 1978. Bien que la salle n’ait pas été louée directement à Alliance, le propriétaire du lieu avait mis le local à leur disposition.
Suite à cette réhabilitation, le Foyer rémois a résilié le bail dans le cadre de l’accord avec le locataire en titre. Ainsi, l’association n’avait plus le droit de rester dans les lieux, conduisant à la fermeture brutale de la salle le 6 décembre.
« Nous avons été chassés sans même avoir eu le temps de récupérer nos affaires. Elles s’y trouvent toujours » rappelle le secrétaire d’Alliance, Abdelaziz Irzi, qui a saisi un avocat, au nom de l’association cultuelle, avec l’intention de porter plainte contre le Foyer rémois. En attendant, les fidèles sont toujours sans solution de repli.
Deux mosquées à Reims « déjà saturées »
L’adjoint au maire de Reims Philippe Wattier avait rappelé, dans un communiqué datant de vendredi dernier, que « la municipalité ne peut pas financer ou favoriser l’exercice d’un culte quel qu’il soit ». Il souligne également qu’il existe déjà plusieurs mosquées à Reims dont deux situées près du quartier Croix-Rouge.
Les membres de l’association Alliance ont contesté cette assertion en arguant que ces mosquées sont déjà saturées et que de nombreux fidèles, notamment les personnes âgées ou handicapées, ne peuvent s’y rendre aisément. Ils expriment leur malaise à devoir prier dans la rue, craignant des agressions :
« Ça nous gêne de prier dans la rue, mais nous n’avons pas d’autres solutions. Chaque vendredi, nous sommes déjà sous tension pour savoir s’il va faire froid, s’il va y avoir du vent, de la pluie, mais nous avons également peur que des gens s’énervent à force de nous voir, qu’ils nous agressent »
Statut quo depuis trois mois
L’association dénonce donc le manque de solutions concrètes de la part des autorités locales malgré leurs sollicitations répétées. Le président, Abdelhak Bellamine, explique :
« Nous, ce qu’on veut, c’est pouvoir prier en toute sécurité et respecter la tranquillité du voisinage. L’idéal serait que la Ville nous vende un terrain ou un local dans le quartier Croix-Rouge pour créer une mosquée de proximité »
Avec l’approche du ramadan, la situation devient urgente, notamment en raison de la prière du tarawih qui dure plus d’une heure en soirée. Alliance déplore un statu quo depuis trois mois.
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