En déplacement à Mayotte, paralysée depuis trois semaines par des rassemblements populaires pour protester contre l’insécurité et l’immigration irrégulière, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a promis une réforme constitutionnelle pour supprimer le droit du sol dans ce département français. Une mesure qui fait réagir sur l’hexagone. Focus.
La colère gronde depuis un long moment sur Mayotte, île de 310 000 habitants, face à l’explosion de l’insécurité, de l’immigration clandestine et de l’insalubrité. « Le gouvernement ne veut pas entendre les cris des Mahorais », s’insurgeait Saïd Kambi, un des leaders des Forces vives.
Pour endiguer la crise migratoire sur l’île, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé la suppression du droit du sol dans le département par le biais d’une « révision constitutionnelle ». Des « mesures extrêmement fortes » applaudit par la droite.
Une des priorités du gouvernement
« La population mahoraise est totalement abandonnée face à une quasi-guerre civile » alertait la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui a réalisé à Mayotte son plus gros score au premier tour de la présidentielle de 2022 (42,68 %). Même sentiment chez le Premier ministre Gabriel Attal :
« Si ce qui se passe à Mayotte avait lieu dans n’importe quel département de l’Hexagone, cela ferait la Une de tous les journaux »
La situation migratoire à Mayotte est ainsi devenue l’une des priorités du gouvernement. Depuis janvier, des manifestations sont organisées régulièrement sur l’île contre l’insécurité et l’immigration via différents collectifs regroupés dans « le mouvement des Forces vives ».
Pour tenter d’éteindre le grognement de la population, Gérald Darmanin et la nouvelle ministre déléguée aux outre-mer, Marie Guévenoux, étaient de passage hier à Mayotte pour annoncer une réforme constitutionnelle visant à supprimer le droit du sol dans ce département français.
La fin du droit du sol : une décision radicale
Dès sa descente d’avion, Gérald Darmanin a lancé sa série d’annonces dont la plus symbolique vise à inscrire « la fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle » :
« Le président de la République m’a chargé de dire aux Mahorais que nous allons prendre une décision radicale qui est l’inscription de la fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle. »
« Il ne sera plus possible de devenir français si l’on n’est pas soi-même enfant de parent français » a précisé le ministre. Selon Gérald Darmanin, cette mesure devrait diminuer de 80 % le nombre de titres de séjour délivrés à Mayotte.
Une autre mesure annoncée, la fin du visa territorialisé: ces titres de séjour délivrés et autorisés spécifiquement sur l’île. Cette spécificité engendrait, selon les collectifs locaux, une impasse où les étrangers étaient maintenus à Mayotte afin de protéger La Réunion et l’Hexagone. La fin du visa territorialisé doit être incluse dans le projet de loi Mayotte promis « avant l’été ».
Entre satisfaction et opposition chez les partis politiques
Les annonces du ministre de l’Intérieur ont été plutôt accueillis favorablement chez les ténors des partis de droite. « Monsieur Darmanin vient d’annoncer la fin du droit du sol à Mayotte. Enfin ! » a ainsi indiqué hier Éric Ciotti, chef du parti Les Républicain.
« Pourquoi n’étend-il pas cette suppression à l’ensemble du territoire français ? » s’est demandé, Marion Maréchal, tête de liste du parti Reconquête d’Eric Zemmour. Même réflexion chez le le député européen RN, Thierry Mariani :
« Si [Gérald Darmanin] est cohérent, il faut changer ce droit du sol sur tout le territoire français, comme le demandent Marine Le Pen et le Rassemblement national depuis des années »
Du côté de la gauche, on déplore « la démolition de nos valeurs par un président de la République qui devance l’extrême droite ». Le Parti socialiste a annoncé qu’il s’opposerait à la révision de la Constitution.
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