Personnage aux facettes multiples, le « Cavaliere » Silvio Berlusconi, est mort ce lundi 12 juin à l’âge de 86 ans. Véritable homme d’affaires et fin politicien, l’ancien chef d’Etat italien était également célèbre pour ses multiples scandales judiciaires et ses déclarations polémiques. Court portrait.
Connu pour ses frasques judiciaires et ses multiples mandats à la tête du gouvernement italien, Silvio Berlusconi est mort ce lundi 12 juin à l’âge de 86 ans. L’ancien chef d’état, soigné pour une leucémie, était hospitalisé, depuis le début du mois, à Milan pour des contrôles.
Au cours des dernières années de sa vie, Silvio Berlusconi avait dû composer avec une santé déclinante.
Opéré à cœur ouvert en 2016, hospitalisé pour le Covid-19 en 2020, il sera admis en soins intensifs à Milan, en avril dernier, dans une unité de chirurgie cardiaque.
Aguerris aux affaires, à la politique et au football
Né le 26 septembre 1936, Silvio Berlusconi se fait d’abord connaître du grand public en fondant sa société « Fininvest », dans les années 1970, une holding italienne regroupant plusieurs médias nationaux. Il deviendra ainsi, grâce à ses investissements, l’une des personnalités les plus riches d’Italie.
Au début des années 1990, porté par des ambitions politiques, il fonde le parti de droite « Forza Italia », et remporte les élections parlementaires de 1994. Cette victoire lui permettra d’accéder d’abord au poste de député puis à la tête du gouvernement italien. Un rôle qu’il endossera à plusieurs reprises au cours des deux décennies suivantes.
En déclin politiquement dès 2010, après plusieurs échecs électoraux et des soucis de santé, le Cavaliere refera surface, en 2022, pour reprendre son siège de sénateur dans la circonscription de Lombardie.
Sa carrière politique n’empêchera pas l’ex chef d’état de mettre ses compétences de « businessman » au service de sa passion pour le monde du football. Il rachète, dès 1986, le mythique club de l’AC Milan et lui donnera ses titres de noblesses en ramenant, sous sa présidence, cinq Ligues des champions remportées en 1989, 1990, 1994, 2003 et 2007. Une véritable réussite sportive.
Scandales judiciaires à répétitions
Au-delà du politique et des affaires, Silvio Berlusconi sera aussi célèbre pour ses innombrables scandales judiciaires. Fraude fiscale, corruption, financement illicite, affaire de mœurs… Au total, plus d’une vingtaine d’accusations.
Il restera entaché par le scandale du « Rubygate ». Une affaire de mœurs dans laquelle le Cavaliere était soupçonné d’avoir tarifé des relations sexuelles avec une mineure. Un véritable réseau de prostitution sera découvert à cette période.
Eternel habitué des allers retours au tribunal, Berlusconi sortira, dans la majorité des cas, miraculeusement indemne judiciairement hormis pour l’affaire du « Médiaset », où il sera condamné à quatre ans de prison pour financement illicite.
« L’Occident est destiné à occidentaliser les peuples »
Silvio Berlusconi fut également un adepte des déclarations clivantes et polémiques. Particulièrement vis à vis de l’Islam et des musulmans. On se souvient de ses propos chocs, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, où il affirma lors d’une conférence de presse en Allemagne :
« La civilisation occidentale a donné lieu à un bien-être diffus dans les pays concernés. Elle a garanti le respect des droits humains, religieux et politiques, un respect qui certainement n’existe pas dans les pays islamiques. L’Occident est destiné à occidentaliser et à conquérir les peuples. Il l’a fait avec le monde communiste et l’a fait avec une partie du monde islamique. Mais il y a une autre partie de ce monde islamique qui s’est arrêtée il y a 1400 ans. »
Déclarations tempérées, des années plus tard en 2006, cherchant à apaiser les manifestations populaires, dans le monde arabe, à la suite de l’affaire des caricatures du Prophète de l’Islam : « Il n’existe aucun autre moyen de construire l’avenir que d’apprendre à se connaître. Seulement ainsi on peut comprendre combien le fondement (de nos relations) est fait de bonté, de modération et d’aspiration à l’amitié et à la compréhension entre les peuples ».
Il condamnera, sans détour, la publication des caricatures : « La satire ne doit pas être irrespectueuse ».
Ibrahim Madras
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