Dans le viseur des autorités, l’imam Ismail de la mosquée des Bleuets à Marseille. Une décision de fermeture d’une durée indéterminée a été prononcée par le préfet des Bouches-du-Rhône sur la demande du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Nos explications.
Le préfet de police des Bouches-du-Rhône a initié une procédure de fermeture administrative de la mosquée des « Bleuets », située dans le 13e arrondissement de Marseille. Cette action a été lancée à la demande du ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer, Gérald Darmanin, en s’appuyant sur l’article 227-1 du code de la sécurité intérieure.
D’après le communiqué de la préfecture des Bouches-du-Rhône, la décision viserait spécifiquement M. Smaïn BENJILALI, imam de la mosquée, très populaire sur les réseaux sociaux.
Le préfet des Bouches-du-Rhône lui reproche « un discours incitant à la discrimination et à la haine contre les femmes notamment par des prêches exprimant des positions légitimant le viol conjugal, la polygamie, et théorisant l’inégalité des droits entre les femmes et les hommes dans le mariage. » A ces motifs s’ajoutent des positions sur l’islamophobie des institutions, positions jugées hostiles par la préfecture. L’imam attribue pour sa part la fermeture de la mosquée à ses propres positions défendant la Palestine, dénonçant une décision politique des autorités.
La durée de la fermeture de la mosquée est pour le moment indéterminée.
Envoyée au président de l’association Les Bleuets à Marseille, la décision de fermeture s’appuie sur des prises de positions de l’imam Ismail tenues pour la plupart sur les réseaux sociaux.
Des hadiths sur le jihad, sur la vie conjugale et des positions pro-palestiniennes requalifiées en « apologie du terrorisme » par la préfecture ont servi de base à cette décision de fermeture. Une perquisition avait été réalisée la veille de la fermeture de la mosquée ce mardi 20 juillet au domicile de l’imam Ismail.
Maître Rafik Chekkat, avocat de l’association Les Bleuets, dénonce dans un communiqué cette fermeture qu’il qualifie de « nouvelle atteinte aux libertés associative, de culte et d’expression, dont sont trop souvent victimes en France les personnes et collectifs musulmans. »
Maître Chekkat ajoute qu’ « aucun élément matériel ne vient étayer les accusations portées contre les membres de l’association, qui n’ont jamais fait l’objet de poursuites » et souligne le rôle positif dans le quartier de l’association les Bleuets, gestionnaire de la mosquée.
« L’association des Bleuets est connue pour mener depuis des années des activités à caractère social et éducatif, dont bénéficie un large public. Solidement ancrée sur son territoire, elle joue un rôle moteur dans la vie locale et associative des quartiers nord de Marseille », explique-t-il.
Le conseil départemental du culte musulman 13 a dénoncé sur son compte X cette décision qui prive les fidèles de leur droit à pratiquer leur culte.
La mosquée les Bleuets a écopé d’une fermeture administrative de 6 mois, suite à des accusations vis à vis de son @imam_ismail13 , pour lesquelles la presemption d’innocence reste la règle de justice. 1/3
— Conseil départemental du culte musulman 13 (@culte_cdcm13) August 20, 2024
Les fidèles de la mosquée sont punis de prières et de recueillement
— Conseil départemental du culte musulman 13 (@culte_cdcm13) August 20, 2024
pour des faits dont ils ne sont aucunement responsables. À contrario on n’a jamais entendu parler de fermeture d’église parce que le prêtre était pedophile par exemple!@prefpolice13 @GDarmanin 2/3
Punir les fidèles est tout simplement injuste.
— Conseil départemental du culte musulman 13 (@culte_cdcm13) August 20, 2024
Les pousser ailleurs, pour se serrer ou leur proposer de faire une pause de 6 mois est invraisemblable.Nous dénonçons une injustice discriminatoire et aspirons à un meilleur traitement et une meilleure considération. 3/3