Dans un courrier envoyé ce mercredi à l’association des Bleuets, le préfet de police des Bouches-du-Rhône a exigé que l’imam Ismail de Marseille soit écarté de la mosquée, conditionnant sa réouverture au départ du prédicateur. Focus
Menacée de fermeture administrative depuis fin août, la réouverture de la mosquée des Bleuets à Marseille semble maintenant conditionnée au renvoi de l’imam Ismail.
La préfecture de police des Bouches-du-Rhône a exigé ce mercredi, par courrier, à l’association des Bleuets, qui gère la mosquée du même nom, le renvoi de l’imam Smaïn Bendjilali dans un délai de cinq jours pour que le lieu de culte puisse éventuellement réouvrir.
Un renvoi dans un délai de cinq jours
Dans un courrier consulté par Le Parisien, le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Pierre-Édouard Colliex, a demandé à la mosquée des Bleuets de confirmer « dans un délai de cinq jours, si vous vous séparez définitivement de M. Bendjilali ».
« J’imagine que vous, comme vos fidèles, ne partagez en rien ses propos contraires aux règles de la République », souligne le préfet. Cette démarche est présentée comme la « seule mesure » permettant d’éviter la fermeture du lieu de culte. À défaut de réponse, les services de l’État procéderont à la fermeture immédiate.
Le 20 août, la préfecture avait annoncé son intention de fermer la mosquée, à la demande du ministre de l’Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin, en raison de propos et publications en ligne de l’imam Ismail. Le prédicateur avait nié toute incitation à la violence et dénoncé des « intimidations ».
Une démarche en lien avec la convocation judiciaire de l’imam
Mardi matin, l’imam Smaïn Bendjilali a été placé en garde à vue et ressortit libre dans la soirée avec une convocation devant le tribunal correctionnel. Il sera jugé le 3 octobre pour « apologie du terrorisme » en lien avec des publications sur les réseaux sociaux concernant la guerre en cours à Gaza.
Cette convocation est liée à la procédure de fermeture initiée par le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Pierre-Édouard Colliex, selon l’avocat de l’imam, Rafik Chekkat :
« Mon client a été convoqué lundi soir seulement pour cette garde à vue, ce sont des délais très courts, jamais vus. Pour moi le timing est éminemment politique. Et avec cette procédure judiciaire, le préfet de police essaie de solidifier son dossier en vue de la fermeture de la mosquée »
Des « mesures correctives » sans effet
Lundi, les avocats et responsables de la mosquée des Bleuets ont rencontré des représentants de l’État et le président du conseil départemental du culte musulman pour proposer des « mesures correctives », dont le retrait de certaines publications en ligne de l’imam, « non pas que nous les considérions illégales, mais par mesure d’apaisement », selon l’avocat Rafik Chekkat.
Cependant, le préfet de police, Pierre-Édouard Colliex, a estimé dans son courrier que ces mesures ne sont pas suffisantes « pour mettre fin aux troubles constatés dans le fonctionnement de la mosquée ».
« Les mesures que vous annoncez (…) ne me paraissent pas de nature à constituer des garanties suffisantes à prévenir les troubles ayant justifié l’engagement d’une procédure de fermeture du lieu de culte », ajoute le courrier.
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