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Muhammad Diakho : l’approche exégétique d’Ibn Taymiyya

Muhammad Diakho : l'approche exégétique d’Ibn Taymiyya Mizane.info

Mizane.info publie un extrait du livre du savant musulman contemporain Muhammad Diakho consacré à l’approche exégétique d’Ibn Taymiyya dans son étude du Coran. « De tous les grands penseurs de l’Islam, seul Ibn Taymiyya a échappé au piège des contradictions inconciliables », écrit Muhammad Diakho.

Il est important de connaître cette approche, car elle est la base même et l’axe fondamental de toute son attitude psychologique et intellectuelle en matière d’exégèse dogmatique, juridique, et dans tout ce qui a rapport à la pensée islamique.

C’est la raison pour laquelle nous pensons que sa méthode exégétique est d’une grande importance, pour découvrir les principes de base de sa pensée face aux divers sujets de la théologie musulmane. Ibn Taymiyya était d’une grande cohérence intellectuelle et méthodologique, du fait, à notre sens, de l’unité de sa démarche. Partout il a gardé la même structure de pensée et mode de raisonnement, en philosophie comme en droit.

Ce qui donne à cette démarche une stabilité et une sincérité incontestables.

De tous les grands penseurs de l’Islam, seul Ibn Taymiyya a échappé au piège des contradictions inconciliables, dans lequel est tombé par exemple l’imam Al-Ghazâlî. Car on ne constate chez Ibn Taymiyya aucune rupture dans sa pensée lorsqu’il passe d’un thème à un autre. Toutes les disciplines qu’il a traitées portent les mêmes éléments méthodologiques.

Alors que la rupture interdisciplinaire est généralement source d’ambiguïté, mettant en doute la sincérité même de la démarche, comme on peut le voir chez beaucoup de personnalités musulmanes.

La méthode d’Ibn Taymiyya

À titre d’exemple : il est difficile de décrire avec précision une image nette associant Al-Ghazâlî le jurisconsulte shâfi’ite et essentiellement rigoriste, à Al-Ghazâlî le philosophe fondamentalement spéculateur, ash’arite et intellectualiste, et à Al-Ghazâlî le soufi définitivement mystique. La même chose peut se dire de Ibn ‘Arabî dont il est difficile, voire même impossible, d’associer le jurisconsulte, qu’on peut même qualifier de littéraliste à la limite d’un salafisme primaire, à un Ibn ‘Arabî incurablement mystique et ésotériste.

À cette complexité méthodologique et intellectuelle, Ibn Taymiyya oppose une conception unitaire de la méthode qui transcende les disciplines. Ibn Taymiyya est un traditionaliste orthodoxe (salafite) dans sa démarche exégétique. Il ne sortira jamais de cette orientation donnée, selon lui, par les anciens (minhâj as-salaf) face au texte du Coran.

À chaque moment et en toute circonstance, ce sont les points de vues des anciens qui, seuls, avaient, à ses yeux, une valeur hiérarchiquement probante pour indiquer ce que signifie un texte du Coran et de la Sunna. Il ne dérogeait jamais à cette règle, car, pour lui, cette voie est celle des croyants (sabîl al-mu’minîn) et celle de la Sharî’a révélée par Dieu.

Le Prophète a exposé la totalité de la religion

On peut, avec beaucoup de facilité d’ailleurs, donner un schéma clair de la démarche taymiyyenne en décrivant brièvement les six éléments constitutifs de sa méthode, dont il ne se départira jamais :

Le premier élément qu’on constate dans sa démarche exégétique est qu’il était profondément convaincu que le Prophète avait expliqué le Coran à ses disciples. Il affirme systématiquement cette conviction dans tous ses écrits, et la reprend ici en ouvrant cette œuvre par : « Il faut savoir que le Prophète a expliqué à ses disciples les significations du saint Coran, tout comme il leur avait expliqué son vocabulaire (al fâzhuhu) : les deux (fonctions) sont évoquées dans l’affirmation du Coran : « Pour que tu exposes clairement aux gens ce qu’on a fait descendre pour eux, et afin qu’ils réfléchissent. »

Ibn Taymiyya a longuement développé cette thèse dans son livre Ma’ârij al-wuçûl. Il écrit notamment : « Le Prophète a exposé la totalité de la religion dans ses fondements et leurs

applications, dans sa signification apparente et profonde, dans la théorie comme dans la pratique ». Ce principe, selon lui, est le fondement même de toute connaissance et de toute foi. L’homme, dans la mesure où il le respecte, atteint la vérité dans la connaissance comme dans l’action.

« Ceux, dit-il, qui sont les plus éloignés de toute vérité par leur connaissance et par leur action, comme les Karmates et les prétendus philosophes, estiment que les Envoyés de Dieu n’ont point possédé la réalité profonde des connaissances divines et universelles, à laquelle, seuls les philosophes, selon eux, seraient parvenus.

Ils disent que la caractéristique de la Prophétie est l’imagination ; ils pensent que la Prophétie, supérieure, aux yeux du vulgaire, à toute autre fonction, ne l’est plus aux yeux des initiés. Cette doctrine – ou tout au moins une doctrine fort voisine – a été soutenue par Al-Farâbî et ses pairs, tels Bishr b.Fâtik et d’autres Ismaéliens.

Pour d’autres, le Prophète, tout en connaissant ces réalités profondes, ne les a pas clairement communiquées : il s’est adressé à la foule par allégories. Ils voient l’allégorie dans son

discours et non dans sa science. Telle est la doctrine d’Ibn Sîna (Avicenne) et de quelques autres philosophes.

D’autres reconnaissent que les prophètes ont connu la vérité et l’ont exposée ; mais ils prétendent qu’on ne peut la connaître directement dans leurs paroles, et que l’on doit recourir à une autre méthode, soit à la raison pour les uns, à l’intuition pour les autres, en d’autres termes à l’analogie philosophique ou à l’imagination mystique. »

L’explicitation prophétique du Coran

Il ne faut surtout pas s’y méprendre : l’affirmation traditionnelle selon laquelle le Prophète aurait livré aux compagnons l’explication du Coran doit être prise dans la même perspective que celle des versets « Nous n’avons rien omis dans le livre » (s. 6, v. 38), « C’est au contraire la confirmation de ce qui existait avant lui et un exposé détaillé de toute chose » (s. 12, v. 111), et « Puis Nous avons donné à Moïse le Livre complet en récompense pour le bien qu’il avait fait, et comme un exposé détaillé de toute chose, un guide et une miséricorde. Peut-être croiront-ils à la rencontre avec leur

Seigneur ». (s. 6, v. 154).

Il s’agit d’une explication fondamentale axée sur les orientations générales et les règles essentielles de l’exégèse. Lorsque le Prophète explique par exemple que le vocable azh-zhulm (l’injustice) du verset 82 de la sourate 6 s’expliquait par celui du verset 13 de la sourate 31, il donnait ainsi aux musulmans les clefs d’un procédé qui sera plus tard connu sous l’appellation technique de Tafsîr al-Qur’ân bi al Qur’ân (l’interprétation du Coran par le Coran).

Selon Ibn Taymiyya, cette conviction selon laquelle le rôle du Prophète ne se limitait pas à une transmission textuelle, sans explication du corpus du Coran, fait nécessairement partie intégrante de notre foi dans le Coran lui-même et dans le rôle initiatique de Muhammad. Car Dieu a dit : « Pour que tu exposes clairement aux gens ce qu’on a fait descendre pour eux et afin qu’ils réfléchissent ». (s. 16, v. 44).

La transmission aux compagnons

Le deuxième élément de la démarche d’Ibn Taymiyya est sa certitude que ceux qui ont reçu intégralement cet enseignement (textes et explications) sont les disciples ou compagnons (çahâba) du Prophète. « Ceci explique pourquoi les disciples passaient autant de temps à mémoriser une seule sourate ».

Cela explique probablement aussi la grande maîtrise du corpus coranique par les çahâba. Il fut ainsi transmis dans sa pureté originelle ne souffrant d’aucun décalage spatio-temporel par rapport au messager de Dieu.

D’ailleurs, ce corpus ne porte en lui que quelques variations mineures de lectures dues essentiellement à la technique de l’écriture. Ibn Taymiyya soutient que si les disciples se sont attachés à recevoir aussi fidèlement le texte du Coran, c’est qu’ils s’intéressaient au même titre à sa

signification, à ses préceptes, à ses dogmes moraux et sociaux.

En effet, cette conviction d’Ibn Taymiyya trouve aussi, selon lui, sa justification dans l’explication de Anas qui dit : « Lorsque quelqu’un (de nous) finissait de mémoriser la sourate de la “Vache” (deuxième sourate du Coran) et celle de la “Famille de ‘Imrân” (troisième sourate du Coran), il devenait important à nos yeux.

Le Coran, de la mémorisation à la compréhension

Ibn ‘Umar passa plusieurs années à mémoriser seulement la sourate de la “Vache”. Certains disent qu’il y avait passé huit années. Telle est la thèse de l’imam Mâlik. Si on se rappelle que les Arabes sont connus pour leur capacité à mémoriser de longs fragments de texte en un laps de temps relativement court, on comprend, dès lors, qu’Ibn ‘Umar n’a pas passé ces huit années à mémoriser un texte sans explication.

Ibn Taymiyya étaye également son point de vue par un autre raisonnement qui consiste à dire « qu’il est évident que le but visé (al-maqçûd) pour toute parole n’est pas seulement d’en apprendre les mots, mais aussi d’en saisir les significations, à commencer par le Coran.

Aussi, il est habituellement impossible que des gens lisent un livre, de quelque discipline scientifique que ce soit, telles que la médecine ou les mathématiques, sans s’interroger sur ses explications ; comment alors pourrait-il en être autrement en ce qui concerne la parole de Dieu qui était leur protection, leur moyen de salut et la voie de leur bonheur, par lequel toute leur religion et leur existence tenaient ! »

La transmission aux successeurs

Le troisième élément de la logique taymiyyenne est sa conviction forte selon laquelle certains successeurs, comme Mujâhid b. Jabr, ont reçu l’intégralité de cet enseignement : « Parmi les successeurs, il y a ceux qui ont appris auprès des disciples et compagnons du Prophète le Tafsîr de la totalité du Coran.

Comme avait dit Mujâhid : “J’ai parcouru avec Ibn ‘Abbâs l’ensemble de la parole de Dieu contenue dans le livre (al-muçhaf), en l’arrêtant sur chaque verset et l’interrogeant sur sa signification” ». C’est ce qui fit dire à l’imam Aththawrî : « Lorsqu’une interprétation (du Coran) te parvient de Mujâhid, c’est pour toi amplement suffisant ! (fa-hasbuka bihi) ».

C’est aussi la raison pour laquelle l’imam Ash-Shâfi‘î et l’imam Al-Bukhârî, ainsi que l’imam Ahmad et bien d’autres parmi les gens de science qui avaient élaboré des œuvres de Tafsîr, tenaient beaucoup compte de son avis sur l’interprétation des versets, et multipliaient les chaînes de transmission aboutissant à Mujâhid plus qu’ils ne le faisaient pour d’autres.

La méthodologie coranique est le guide de la communauté

Ibn Taymiyya en conclut que l’exégèse du Coran avait été fidèlement et intégralement transmise des compagnons à leurs disciples successeurs qui, à leur tour, la donnèrent en héritage à ceux qui vinrent immédiatement derrière eux. Cette compréhension héritée est donc pour Ibn Taymiyya la lumière évidente (an-nûr al-mubîn).

Ainsi, la solide structure intellectuelle d’Ibn Taymiyya aboutit nécessairement à la certitude que la Umma n’a jamais été laissée à elle-même sans guide, sans une orientation méthodologique qui, seule, est fiable pour se conformer à la volonté de Dieu, et rester digne de cet héritage légué par le sceau des prophètes ; et enfin, que cet héritage a été transmis de génération en génération, d’imams en imams, et d’écoles en écoles.

Comprendre le Coran par lui-même

Les gens de science (ahl al-’ilm) sont ainsi les seuls garants de la transmission fidèle de cette sagesse. Le respect de leurs règles est une obligation déontologique fondamentale.

Le quatrième élément de la démarche taymiyyenne est que, à partir de cette orientation, il établit une hiérarchie des valeurs exégétiques. La classification de l’« exégèse » est faite de la manière suivante :

Première valeur hiérarchique

Expliquer le Coran par le Coran. « On interprète le Coran par lui-même. Car ce qui est évoqué dans le Coran de façon concise (mujmal) en certains endroits, l’est en d’autres endroits de manière détaillée ».

Comprendre le Coran par la Sunna

Deuxième valeur hiérarchique

Expliqué le Coran par la Sunna : « Si on n’a pas pu interpréter le Coran par lui-même, alors il faut le faire par la Sunna. Car cette dernière en est le commentaire, et a notamment pour fonction de l’éclairer (muwaddiha) ».

Plus encore, l’imam Ash-Shâfi’î a dit : « Tout jugement du Prophète permet de comprendre le Coran ». Dieu a dit : « Nous avons fait descendre envers toi le livre avec la vérité, pour que tu juges entre les gens, selon ce qu’Allah t’a appris. Et ne te fais pas l’avocat des traîtres » (s. 4, v. 105). Il a dit : « Nous avons fait descendre le Coran pour que tu exposes clairement aux gens ce qu’on a fait descendre pour eux et afin qu’ils réfléchissent » (s. 16, v. 44). C’est pour cela que le Prophète a dit :

« Certes, le Coran m’a été donné et avec lui, (un enseignement) semblable », c’est-à-dire la Sunna, puisque celle-ci lui fut également donnée par révélation à l’instar du Coran.

L’imam AshShâfi’î et d’autres ont montré par de nombreux arguments le fait que la Sunna fournit l’explication du Coran. Ce n’est toutefois pas le lieu de les rapporter.

Comprendre le Coran par la parole des Compagnons

Troisième valeur hiérarchique

L’interprétation du Coran par les dires des compagnons : « Si on ne trouve pas la signification d’un texte coranique dans le Coran ou dans la Sunna, à ce stade (de la recherche) on doit se référer aux dires des compagnons, car sur ce sujet, ils en savent plus que quiconque. Et ce, vu les indices de preuves (qarâ’in) et les circonstances liées à la révélation du Coran qu’ils sont les seuls à connaître, et en raison de leur maîtrise, de leur connaissance exacte et de leur pratique louable.

Surtout les plus savants d’entre eux et les plus grands, tels que les quatre califes bien guidés et les imams guidés comme ‘Abd Allâh b. Mas’ûd ». L’imam Abû Ja’far Muhammad b. Jarîr At-Tabarî a dit : « Abû Kurayb nous a rapporté (selon sa chaîne) que ‘Abd Allâh b. Mas’ûd a dit : “J’en jure par Celui dont il n’y a d’autre divinité que Lui, qu’il n’y a dans le Livre d’Allah aucun verset dont j’ignorerais au sujet de qui et où il fut révélé. Si je savais où se trouve quelqu’un qui connaîtrait mieux que moi le Livre de Dieu, je l’aurais rejoint” ».

Comprendre le Coran par la parole des successeurs

Quatrième valeur hiérarchique

L’interprétation du Coran par les dires des successeurs. « Si, dit-il, on ne trouve pas l’objet de recherche dans le Coran, la Sunna et parmi les dires des compagnons, alors il faut savoir qu’une grande partie des imams se sont référés aux dires des successeurs, tels que Mujâhid b. Jabr. ». Il était un prodige en matière d’exégèse du Coran. Selon Muhammad b. Ishâq, d’après Abâna b. Sâlih et selon sa chaîne, Mujâhid b. Jabr a dit : « J’ai parcouru avec Ibn ‘Abbâs l’ensemble de la parole de Dieu contenue dans le Livre, en l’arrêtant sur chaque verset et l’interrogeant sur sa signification ».

D’après l’imam At-Tirmidhî (selon sa chaîne), Qatâda a dit : « Il n’y a dans le Coran aucun verset sur lequel je n’aurais rien entendu ». Toujours d’après l’imam At-Tirmidhî (selon sa chaîne), Mujâhid b. Jabr avait dit : « Si j’avais appris la lecture [vulgate] d’Ibn Mas‘ûd, je n’aurais pas eu besoin de poser à Ibn ‘Abbâs toutes les questions que je lui avais posées ».

Comprendre le Coran par le raisonnement

Cinquième valeur hiérarchique

L’interprétation du Coran par le raisonnement. Pour Ibn Taymiyya, interpréter le Coran en partant d’entrée du seul raisonnement, sans pouvoir ou vouloir (comme c’est le cas de beaucoup de gens aujourd’hui) mettre à profit l’héritage prophétique, les enseignements des compagnons du Prophète et des successeurs, voilà ce qu’Ibn Taymiyya voulait qualifier d’illicite.

Cela ne concerne pas l’utilisation sérieuse et bien fondée du raisonnement. Quant à l’interprétation du Coran par le seul raisonnement (mujarrad ar-ra’y), elle est illicite (harâm). Mu’ammil nous a rapporté (selon sa chaîne jusqu’à Ibn ‘Abbâs) que le Prophète a dit : « Quiconque se prononce sur la signification du Coran sans connaissance (bighayr ‘ilm), doit préparer son séjour dans le feu ».

Le même hadîth est rapporté par l’auteur avec une autre chaîne, selon Wakî‘. L’imam At-Tirmidhî a rapporté, selon sa chaîne jusqu’à Jundub, que le Prophète a dit : « Quiconque se prononce sur la signification du Coran par son seul raisonnement (ar-ra’y), commet une erreur même s’il dit la vérité ».

Le cinquième élément de la démarche taymiyyenne est que pour lui les points de vue des successeurs ne constituent pas des arguments probants en soi, sauf dans le cas où leur unanimité est avérée sur une interprétation donnée.

Il écrit à ce sujet : « Lorsqu’ils tombent tous d’accord sur un sujet, il n’y a aucun doute qu’une telle unanimité est une preuve probante. S’ils divergent, toutes leurs paroles se valent alors. Nul d’entre eux, ni d’entre ceux qui viennent après eux, n’est, dans ces conditions-là, obligé de s’en remettre à la thèse de l’un d’eux seulement. L’argument probant, en ce cas, doit être recherché dans la langue du Coran, de la Sunna ou dans les généralités de la langue des Arabes ou des dires des disciples ».

Le principe de prudence exégétique

Le sixième élément de la démarche d’Ibn Taymiyya réside dans le fait que l’exégète doit être grandement méfiant, car beaucoup des propos qui sont attribués aux disciples viennent des Gens du Livre (isrâ’îliyyât). Dans le cas où l’information s’avère effectivement provenir des Gens du Livre, l’attitude à adopter diffère selon la nature de l’information :

– Des récits dont nous savons l’authenticité à partir de ce dont nous disposons. Ceux-là sont fiables.

– Des récits dont nous savons la fausseté du fait qu’ils sont contraires à ce dont nous disposons.

– Des récits qu’aucun texte à disposition ne vient infirmer ou confirmer (maskût ‘anhu).

Dans ce cas, nous n’avons ni à croire ni à démentir. Il nous est seulement permis de les citer pour les raisons que nous avons déjà expliquées plus haut. La plupart des récits de ce genre (qui ne sont ni confirmés ni infirmés) est sans intérêt religieux, selon Ibn Taymiyya.

Ibn Taymiyya, un orthodoxe ?

En quoi, finalement, consiste cette démarche taymiyyenne ? En effet, la méthode que nous venons de dessiner face au texte du Coran n’est pas spécifique à Ibn Taymiyya. Il est vrai que, dans beaucoup d’autres domaines, Ibn Taymiyya ne fait que mettre en forme, mais force est de constater que beaucoup de gens le tiennent pour initiateur de l’essentiel de ce qu’il a défendu.

On peut retenir toutefois que sa rigueur, la démonstration par la pratique qu’il a faite de cette démarche traditionnelle, et sa conviction selon laquelle celle-ci est supérieure et polyvalente en s’appliquant à tous les domaines de la pensée musulmane (droit, dogme et morale), ont fini par faire de lui l’héritier et défenseur incontournable de la démarche exégétique orthodoxe.

Muhammad Diakho

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