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Organisation du culte musulman : « L’Etat ne peut pas se substituer aux principaux intéressés »

Directeur de recherche au CNRS, Franck Frégosi a longtemps travaillé sur l’institutionnalisation de l’islam en France. Pour le sociologue, la démarche de l’Etat ne correspond pas aux enjeux locaux du culte musulman. Zoom.

Alors que le projet de loi « confortant les principes républicains » est sur le tarmac, les critiques se sont multipliées ainsi que la crainte exprimée par plusieurs responsables cultuels.

Les risques d’entrave à la liberté de culte, les applications abusives de dispositions prévues par le texte sont évoquées.

Spécialiste de la question institutionnelle religieuse, auteur d’une enquête sur les cadres musulmans, Franck Frégosi estime pour sa part que l’Etat fait fausse route dans ce dossier.

« Nous sommes en train de reproduire quelque part des erreurs antérieures, c’est à dire que nous pensons l’organisation de l’islam du haut vers le bas, alors qu’il faut partir au contraire de ce qu’est la réalité de l’islam au quotidien », a-t-il confié à nos confrères d’Europe 1.

Pour le sociologue, le schéma doit être inversé et partir des départements et des régions, pour aller vers le haut. Citant à l’appui des exemples de Conseil locaux d’imams en Rhône-Alpes, en Lorraine, dans les Alpes-Maritimes, l’homme critique une approche jacobine, centralisatrice et « pyramidale » de l’Etat.

« L’Etat peut parfaitement, au titre de la police des cultes, veiller à ce que, dans les mosquées, on ne tienne pas de propos appelant à l’insurrection (…) Néanmoins, s’agissant là d’un point d’organisation du culte, l’un des principes de la laïcité, c’est aussi que chaque communauté s’organise selon ses usages, ses traditions ».

« Je pense qu’il faut faire la distinction entre un coup de pouce de l’Etat, à un moment T, avec le fait que l’Etat se transforme en agent régulateur de l’islam » a-t-il ajouté.

Le cœur de la réforme de l’institutionnalisation du culte musulman en France reste la question de l’imam, maillon faible du dispositif.

Ne jouissant d’aucun statut, sous-payés, mal formés, les imams en France ont été les grands absents de ce débat, n’ayant pas été consultés par les autorités françaises.

Sur 2200 imams français, 300 seraient rémunérés par des pays étrangers.

Un dispositif que Macron a voulu abolir mais qui ne va pas résoudre l’épineuse question du financement et de la formation de l’imam.

Pour Franck Frégosi, il faut regarder ce qui se fait localement.

« Il y a des initiatives qui ont été prises, notamment du côté de Lyon, de Bordeaux, de Paris, visant à mettre en place une formation qui soit plus adaptée finalement au quotidien des musulmans de France » a-t-il précisé.

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