Le Secours catholique a publié son rapport annuel sur l’état de la pauvreté en France. Précarité, logement, ménages isolés, chômage… Les statistiques avancées par l’étude sont préoccupantes et risquent de se dégrader en 2023. Le zoom de la rédaction.
Deux années après la crise sanitaire du Covid, le rapport 2022 du Secours catholique s’est penché sur la situation précaire des ménages les plus modestes et l’impact de la crise sur leurs budgets. A travers la situation des personnes ayant sollicité leurs accompagnements et leurs aides (près d’un million en 2021), le Secours catholique nous livre un constat particulièrement lourd et alarmant sur l’état de la pauvreté en France.
Une aide psychologique avant l’aide alimentaire
Le rapport fait d’abord mention de l’importance de l’écoute avant une aide ultérieure. 60% des ménages font état d’une demande d’écoute et d’accompagnement en 2021. Un pourcentage qui montre que le désarroi psychologique et l’isolement sont parmi les conséquences premières de la crise sanitaire.
En effet on constate, plus loin dans le rapport, que les femmes mais aussi les hommes isolés font partis des cas les plus souvent rencontrés (25% pour les femmes seules avec enfants et 22.5% pour les hommes).
« Les mères isolées sont le type de ménage le plus souvent rencontré. Elles représentent le quart des ménages que nous rencontrons. Le deuxième type de ménage le plus fréquemment rencontré, ce sont les hommes seuls, dont la grande majorité sont au chômage ou inactifs. »
Bien évidemment, l’aide alimentaire reste la principale demande formulée (50% en 2021) puis vient ensuite l’aide pour les vêtements (11%), les factures liées aux logements (18%).
Pauvreté : sur-précarisation des étrangers et baisse du niveau de vie
En hausse constante depuis une dizaine d’année, la part des personnes étrangères représente 50% des cas rencontrés en 2021. Un chiffre effarant surtout par rapport à leurs représentativités minimes au sein de la population en général (7,7%).
« Le Secours Catholique est le témoin direct des conséquences souvent absurdes et inhumaines du durcissement continu des politiques publiques à l’égard des étrangers », explique l’ONG citée par Ouest France.
Le budget des ménages face à la crise sanitaire est aussi un facteur déterminant analysé dans le rapport. L’étude indique ainsi que 93% % des ménages rencontrés par le Secours Catholique vivaient sous le seuil de pauvreté et 69 % sous le seuil d’extrême pauvreté.
Est considéré comme pauvres, selon l’Insee, les personnes ayant un niveau de vie inférieur à 1 132 € et comme extrêmement pauvres celles dont le niveau de vie est d’environ 755 €. Le niveau de vie moyen des personnes rencontrées au Secours catholique était de 548 € en 2021.
Autre chiffre alarmant à retenir : 22 % des ménages accueillis en 2021 par le Secours catholique n’avaient aucunes ressources financières.
Les lourdes conséquences de l’inflation et de la crise sanitaire
Au sortir de la crise du Covid, les ménages rencontrés par le Secours catholique étaient déjà en grande difficulté pour couvrir leurs besoins alimentaires, à cela est venu s’ajouter l’inflation qui atteint des niveaux records en 2022 (6,5% en un an).
Les loyers impayés, les factures d’énergies et d’eau sont ainsi en nette augmentation et accroit la précarité des ménages (40 % des ménages concernant les loyers impayés et 39 % pour l’énergie).
« Particulièrement exposés à l’inflation, les ménages les plus modestes ont des budgets tellement contraints que la moindre hausse des dépenses d’alimentation ou d’énergie les fait basculer dans le rouge. Or les aides ne sont pas à la hauteur. »
C’est d’autant plus consternant qu’une grande partie des personnes en situation précaire ne demande pas les prestations d’aide sociale auxquelles elles auraient pourtant droit. Une non-demande souvent par ignorance de l’information ou difficulté des procédures administratives.
Selon le rapport du Secours catholique, le taux de non-recours au RSA (revenu de solidarité active) est de 30 % pour l’ensemble des personnes rencontrées. Ce taux atteint 49% pour les personnes étrangères.
La situation ne devrait pas s’arranger pour l’année 2023. Le rapport indique une prévision à la hausse des prix de l’énergie, des factures d’électricité ou de gaz. Une augmentation à hauteur de 15% soit environ 20€.
Le Secours catholique appelle à la mise en place « des mesures protectrices pérennes et d’un montant suffisant pour permettre aux personnes de vivre dignement. »