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Pour l’amour de Dieu et n’en déplaise à tous les autres

Le capitalisme est plus qu’un système économique. C’est une religion du dieu-profit qui a imposé son culte faisant de nous, bon gré, mal gré, ses adorateurs. Une chronique sans complaisance de Yamin Makri à lire sur Mizane.info.

Vouloir faire la critique du capitalisme sans parler du fétichisme de la marchandise, c’est à peu près la même chose que vouloir faire la critique d’une religion sans parler de Dieu. La critique du système capitaliste basée sur nos références islamiques doit d’abord être une critique spirituelle car ce système se base sur une croyance et sur le culte d’un faux-dieu. Toute société fonctionne selon des normes et des croyances qui font sens. On a cru que nos sociétés modernes, libérées des religions, feraient exceptions. C’est un mensonge. Car au-delà des systèmes religieux, l’homme a besoin de croire, c’est intrinsèque à l’être humain.

La duperie des Lumières

Dans les sociétés féodales, on manipulait et on exploitait la naïveté et cette piété des populations en leur prêchant la soumission et la promesse céleste d’un au-delà meilleur tout au bénéfice (très terrestre) des élites de l’époque, le clergé et la noblesse.

Par la suite, la grande supercherie des philosophes des Lumières a été de faire croire que l’Homme « libéré » pouvait échapper à sa condition d’« adorateurs ». Or si l’Homme a effectivement une liberté dans le choix de son culte, il lui est impossible de vivre sans adorer. Comme il lui est impossible de vivre sans dormir ou sans se nourrir.

Toute la notion du Tawhid (unicité) en Islam est d’orienter ce besoin incontournable vers l’adoration exclusive du Très-Haut car c’est la seule adoration qui permet l’émancipation et la libération de l’homme. Dès que l’homme, dans sa prétention à se suffire à lui-même, se détourne du Très-Miséricordieux, il se met fatalement à adorer d’autres idoles et il retombe dans l’exploitation et l’avilissement de sa condition.

La religion capitaliste du dieu-profit

Dans nos sociétés modernes, notre système capitaliste n’est pas qu’un système économique comme on voudrait nous le faire croire. C’est une vision de la vie, une organisation sociale, basée sur un système de croyance, un « dîn » (mot coranique mal traduit par « religion ») sur lesquels se fondent effectivement un système économique.

Quand on dit aujourd’hui que « l’économique prend le dessus sur tout (le social, le politique…) », cela dénote simplement le fait que ce système totalitaire (dans le sens où il englobe et contrôle tous les aspects de notre vie) ne sent même plus la nécessité d’avancer masqué.

Aujourd’hui ce qui domine le monde, c’est le dieu-profit. Certes, la recherche du profit à toujours fait partie de l’humain mais ce qui est nouveau aujourd’hui c’est qu’elle est devenue la valeur centrale qui est en train d’exclure toutes les autres. Rien, aucun système de valeur ne vient mettre une limite à cette recherche frénétique du profit. Nous vivons la suprématie totale et mondialisée de cette idéologie.

Le but unique de nos sociétés contemporaines est l’accroissement du profit, il faut donc continuellement produire plus de biens pour générer toujours plus de profits. Ce qui fait sens dans nos sociétés, ce n’est plus Dieu, ce n’est même pas l’Homme (comme le prétendent nos chers républicains, laïques et autres humanistes), ce n’est que le profit.

Le profit pour le profit.

« On s’échine au travail… pour préserver son emploi »

Pour que ce processus de création de plus-value fonctionne à temps plein, nos sociétés modernes ont sacralisées le « travail » et la « consommation ». Toutes nos relations sociales, toute notre éducation, toutes nos institutions politiques tournent autour de l’impératif du « travail » et de l' »accroissement de la consommation ». Nous vivons dans la « société du travail », la « société de la consommation » pour la gloire et la suprématie de la Sainte-machine à valoriser le Capital.

Comme à l’époque féodale, on exploite la crédulité des peuples qui continuent à subir et les nouvelles élites profitent sans aucun scrupule. Avant on travaillait et on consommait selon nos besoins réels. Aujourd’hui on s’échine au travail… que pour préserver son emploi. Et on sur-consomme… seulement pour se soumettre aux modes et « être comme les autres ».

On ne travaille plus pour vivre, on vie pour le travail. On ne consomme pas pour répondre à ses besoins, on crée de nouveaux besoins pour « encourager » la consommation.

La dénaturation des rapports humains

L’essentiel est de travailler, de consommer pour nourrir « la bête », cette machine à produire le profit. Le pire c’est que cette aliénation est perçue comme un privilège à protéger car, tous, nous redoutons de devenir les excommuniés de la société du travail et de la consommation, ces exclus du Nord et du Sud, ces déchets que le système ne considère même plus comme des humains.

On nous fait adorer les choses (voitures, maison, ordi, téléphones…) pour justifier le fait que nous passions nos journées à les fabriquer et nos week-ends et nos soirées à les consommer. Toutes nos relations sociales sont dénaturées et tournent autour de ces relations marchandes, d’achat et de production. Nous devenons nous-mêmes une marchandise (qui vend sa force de travail) au service de ce système.

C’est cela le fétichisme de la marchandise, c’est quand les « choses » deviennent le centre de notre vie… à la place de Dieu. C’est une véritable adoration, une religion qui avance masquée et qui impose ses normes, pour satisfaire ce seul dieu qui fait sens chez nos élites économiques et politiques : la recherche permanente de toujours plus de profit.

Le devoir de résistance spirituelle

Si l’islam fait débat aujourd’hui, si on multiplie les attaques contre cette foi, si on prend plaisir à s’attaquer au Prophète (paix et bénédiction sur lui ainsi que sur sa famille), c’est que l’islam est certainement le seul système de vie (dîn) qui de manière plus ou moins consciente s’oppose frontalement à cette nouvelle adoration.

Car jamais nous ne nous soumettrons à un système qui place la recherche du profit au-dessus de l’éthique, jamais nous n’accepterons un modèle de société qui soumet l’homme aux impératifs sans limite de la rentabilité et jamais nous ne nous détournerons de l’adoration du Très-Haut pour celle des choses.

L’islam englobe et refusera de se faire englober, l’islam intègre et refusera de se faire intégrer car l’islam cadre, limite et oriente tout notre quotidien vers un seul but : l’adoration exclusive du Dieu unique, du Très-Clément, du Très-Miséricordieux.

C’est cela notre résistance. N’en déplaise à tous nos détracteurs et pour l’Amour de Dieu.

Yamin Makri

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