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Pourquoi « Nous sommes tous des Palestiniens » 

Pourquoi « Nous sommes tous des Palestiniens » ? Mizane.info

Dans sa dernière chronique à lire sur Mizane.info, Sofiane Meziani, écrivain et fondateur de l’académie de philosophie l’Olivier revient sur les nombreux aspects du soutien à la cause des Palestiniens, qui n’est pas seulement politique ou humanitaire. « Faire fi de la dimension spirituelle en réduisant le conflit à un problème purement temporel est un déni de réalité qui empêche toute réflexion sérieuse et objective », écrit-il.

Le peuple palestinien souffre depuis des décennies de toutes les formes d’injustices : il a vécu 30 ans sous le colonialisme britannique et 75 ans sous l’occupation sioniste.

Idéaliser, c’est déshumaniser

Personne ne peut contester à l’éternel peuple palestinien sa grandeur d’âme. Chaque jour, au cœur de l’enfer sioniste, il nous offre de précieuses leçons en matière de patience, de dignité et de courage. Toutefois, ne tombons pas dans le piège de l’idéalisation car idéaliser un peuple c’est aussi une façon de le déshumaniser en faisant abstraction de sa souffrance, de ses fragilités et de ses douleurs. Leur courage et leur détermination n’arriveront pas toujours à bout de leur détresse. Ce sont avant tout des êtres-humains, ne l’oublions pas. Ne trouvons donc pas refuge derrière leur force morale pour relativiser leur souffrance et, ainsi, donner bonne conscience à notre passivité.

La France est en train d’écrire ses pages les plus sombres de son histoire en se faisant l’allié stratégique de l’État criminel d’Israël. Nous refusons, en tant que citoyen français, que l’avenir de notre pays soit confisqué par un gouvernement d’incapables ayant perdu tout sens de la dignité et de la justice. Il est inacceptable que, dans le climat politique français, le soutien en faveur de la Palestine soit criminalisé surtout lorsqu‘il ne s‘inscrit pas dans le cadre de la disqualification de la Résistance palestinienne.

Cette stratégie d’intimidation ne doit pas nous empêcher d’assumer un discours clair et ferme, au-delà d‘un simple soutien conventionnel, qui ne souffre d’aucune concession à l’idéologie dominante. Pourquoi rougir de notre soutien à la Résistance palestinienne quand la classe dominante assume de façon décomplexée sa solidarité avec un État criminel ?

Lutter pour l’amour de Dieu

Disons donc les choses sans fard ni artifice : Non seulement nous ne condamnons pas la Résistance mais, plus encore, nous la soutenons avec force. D‘abord parce que la Résistance ne se réduit pas aux soldats qui sont en première ligne dans la défense de leur territoire, elle comprend tous les Palestiniens qui chaque jour font preuve de force psychologique face à la bestialité sioniste. Ensuite, parce qu’elle vise un objectif noble : la liberté. 

Enfin parce qu’elle révèle au monde la lâcheté et l’hypocrisie des États occidentaux. En effet, la Résistance lutte patiemment pour rétablir le droit et la justice et ne tue pas arbitrairement. Ses soldats résistent en préservant leur cœur de toute forme d’iniquité afin de ne jamais ressembler à leur ennemi barbare dépourvu de conscience morale. C’est ce qu’on appelle en islam « lutter pour l’amour de Dieu », c’est-à-dire sans haine pour les hommes.

Quel que soit la nature de l’adversité, la lutte armée, en islam, doit être inspirée par les principes supérieurs de Justice et de Liberté sans jamais laisser les tendances négatives de l’égo court-circuiter les nobles aspirations de la résistance. C’est pourquoi, dans la tradition islamique, toute lutte défensive en contexte de guerre doit se fonder sur le « Djihâd an-nafs » (la lutte contre les penchants obscurs de l’âme). Bien plus que la préparation physique et l’équipement matériel, ce qui fait la force d’une armée de résistants c’est son éducation spirituelle. Un soldat qui ne sait pas tenir les brides de son âme n’est pas digne de porter l’uniforme de la Résistance. Une âme éduquée spirituellement saura manier les armes sans commettre d’injustice.

C’est ainsi que, contrairement à l’entité sioniste, les résistants palestiniens ne s’en prennent qu’aux soldats de l’occupation qui portent des armes sans jamais manquer de bienveillance vis-à-vis de leurs otages (comme en témoignent certaines images censurées dans les médias pro-israéliens). La Résistance, dans ses prises de position, s’est toujours défendue de mener des attaques terroristes et n’a pas manqué de rappeler que l’opération “le Déluge d’Al-Aqsâ” du 7 octobre dernier visait à contrecarrer les plans en cours d’élaboration, passés sous silence médiatique, pour liquider la cause palestinienne. Elle visait à mettre définitivement fin au siège inhumain de Gaza qui passait inaperçu dans les médias occidentaux.

Contrairement aux mensonges de la propagande sioniste qui occulte bien des images dans sa stratégie de désinformation, l’opération du 7 octobre n’a ciblé que des sites militaires de la force occupante. Si tel n’était pas le cas, nous aurions été parmi les plus prompts à condamner la Résistance. Et nous sommes disposé à revenir sur notre position si l’on nous apporte des preuves objectives, qui ne relèvent pas de la propagande sioniste, témoignant d’une forme quelconque de terrorisme.

La cause palestinienne n’est pas qu’une affaire politique

Par ailleurs, la laïcisation de la cause palestinienne est l’une des grandes erreurs à éviter dans l’analyse de ce conflit. La question palestinienne n’est pas que politique, elle est éminemment religieuse. Faire fi de la dimension spirituelle en réduisant le conflit à un problème purement temporel est un déni de réalité qui empêche toute réflexion sérieuse et objective.

Aussi, les musulmans ne doivent-ils pas s’empêcher de lire et d’analyser la situation à la lumière des données de la foi pour comprendre la véritable nature des enjeux de ce conflit qui constitue le point nodal de tous les problèmes contemporains : tous les défis auxquels nous faisons face sont reliés de près ou de loin à la question palestinienne. Car l’ordre mondial, fondé sur les règles occidentales, se nourrit fondamentalement du conflit israélo-palestinien.

C’est un problème qui affecte directement ou indirectement chaque coin et recoin de la Terre. Et, plus spécifiquement, l’avenir de la communauté musulmane est étroitement lié au sort des Palestiniens : nulle revivification possible de la communauté musulmane sans la libération de la Palestine.

La réforme spirituelle de la communauté demeurera en suspens tant que la Palestine est soumise à l’injustice sioniste. Tout projet de réforme qui n’intègre pas la cause palestinienne dans sa vision et sa stratégie d’action est voué à l’échec. C‘est une Vérité coranique : les portes du Ciel ne se sont ouvertes au Prophète (saw), lors de son voyage nocturne, qu’après avoir marqué de son empreinte spirituelle Jérusalem (Al-Quds).

Ce n’est pas, en effet, depuis la Mecque qu’il a effectué son ascension jusqu’au Lotus de la limite, mais depuis la Mosquée al Aqsâ qui lui a servi de point de « décollage ». Dieu a rattaché Jérusalem à la Mecque dans le voyage nocturne du Prophète (saw) pour indiquer que la foi ne s’accomplit réellement que dans la conscience éveillée d’A-Quds, sans quoi elle reste inachevée.

Un défi civilisationnel

Tourner le dos à la Palestine, c’est s’interdire l’accès à une inépuisable source de rayonnement spirituel indispensable à l’accomplissement de la Vérité. Comme l’indique le Coran, la Palestine est une terre emplie de bénédictions, et tant qu’elle est sous le joug sioniste, les croyants, où qu’ils soient, se trouvent privés d’une importante source de Grâce divine. Et c’est peut-être la bénédiction qui habite cet espace universel qui manque à la communauté musulmane pour retrouver le chemin du Réveil.

La cause palestinienne a une dimension atemporelle qui participe de l’identité du croyant, et est donc bien plus qu’une affaire politique liée à un espace géographique. Quand nous clamons « nous sommes tous des Palestiniens », nous ne faisons pas qu’exprimer notre solidarité avec une population géographique, nous défendons une part de notre identité spirituelle.

Aussi ne faut-il pas réduire la question palestinienne à une simple question humanitaire, car c’est un problème civilisationnel sur lequel repose l’avenir de notre humanité. Sans tomber dans un anti-occidentalisme primaire empli de confusions, il faut admettre que la supériorité et l’autorité morale que les États occidentaux ont cherché à exercer sur le monde se trouve irrémédiablement réduit à néant.

Le monde est aujourd’hui témoin de leur imposture et c’est en vain qu’un Président comme Macron, dans un air pathétique, tente de quémander le respect sur la scène internationale. Quelle crainte un gouvernement composé d’enfants gâtés de la République, comme Macron, Attal et Darmanin, peut-il sérieusement inspirer à une puissance comme celle de la Russie, de la Chine ou même de l’Iran ? C’est la fin de l’hégémonie occidentale. Une chose est donc sûre : Israël est tombé dans le piège de la Résistance palestinienne qui a sonné le glas de l’ordre mondial imposé par l’Occident, notamment les États-Unis.

Sofiane Meziani

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