La bataille d’Aïn Djalout, qui a eu lieu le 3 septembre 1260 dans la vallée de Jezreel, en Palestine, a opposé le sultanat mamelouk d’Égypte à l’ilkhanat de Perse. Cette bataille a marqué une défaite historique pour l’empire mongol, stoppant ainsi sa progression vers l’Ouest, amorcée par les conquêtes de Gengis Khan dès 1203. Une victoire des Mamelouks qui a joué un rôle crucial en empêchant l’expansion des Mongols en Afrique du Nord et en Méditerranée.
Après l’invasion de la Géorgie en 1220, la menace mongole se renforce dans la région, devenant écrasante à partir de 1253 lorsque le grand khan Möngke ordonne à ses frères de conquérir le monde. Houlagou Khan, chargé de l’Ouest, conquiert l’Irak en prenant Bagdad en 1258, puis la Syrie en 1260.
Il menace alors le Proche-Orient et l’Égypte. Mais la mort de Möngke en 1259 interrompt la campagne mongole, obligeant Houlagou à se retirer à Tabriz, laissant une partie de son armée en Syrie sous le commandement du général Ketboğa.
Le Royaume de Jérusalem, encore présent sur la côte avec le comté de Tripoli et une bande de terre de Jaffa à Sidon, est hostile tant aux Mongols qu’aux Mamelouks. Le pape Alexandre IV avait interdit toute alliance avec les Mongols, qui avaient ravagé les environs de Sidon en représailles à une razzia menée par Julien de Sidon.
L’erreur stratégique des Mongols
Bien que les Mongols contrôlent la route directe entre l’Égypte et Damas, ils laissent passer les Mamelouks. Le sultan mamelouk, Sayf ad-Dîn Qutuz, décide alors d’attaquer les Mongols après avoir rejeté leurs offres de soumission et exécuté leurs ambassadeurs.
Les troupes de l’il-khan mongol, dirigées par le gouverneur Ketboğa, accompagnées d’auxiliaires arméniens et géorgiens, se dirigent vers les forces mameloukes sans attendre de renforts. L’affrontement a lieu en Palestine, près de Maayan Harod (Aïn Djalout en arabe, “Source de Goliath”), à quelques kilomètres à l’ouest d’Afoula, dans la vallée de Jezréel, le 6 septembre 1260 (25 ramadan 658 AH).
Lors du premier assaut, les Mamelouks feignent une retraite, attirant les Mongols vers le fond de la vallée, où des unités d’infanterie recrutées localement occupent les hauteurs. Ketboğa, réalisant le piège, arrête la poursuite et réorganise ses troupes.
Alors que ses forces principales s’engagent contre l’avant-garde mamelouke, ses cavaliers légers tentent une manœuvre de contournement en direction des collines de Galilée pour attaquer l’aile gauche des Mamelouks.
La victoire des Mamelouks
L’avant-garde mamelouke est décimée, mais le reste des forces parvient à se replier. La bataille reste confuse pendant une grande partie de la matinée, le sultan essayant de réorganiser son aile gauche en y transférant des hommes de l’aile droite et en lançant des assauts violents.
Motivés par les appels du sultan, qui combat en première ligne avec sa garde personnelle, les Mamelouks réussissent à résister aux Mongols et à les repousser.
Ketboğa tente de rétablir la situation qui lui devient défavorable, mais sans succès. Il est forcé de se retirer jusqu’au village de Boisin, près du Jourdain. Les Mamelouks lancent un dernier assaut, contraignant les Mongols et leurs alliés à fuir. Le sort de Ketboğa reste incertain : il pourrait avoir été tué lors de ce dernier combat ou fait prisonnier puis exécuté.
Cette première grande défaite des Mongols marque la fin de leur progression vers l’ouest. Les tentatives suivantes pour conquérir la Syrie échoueront, notamment lors de la bataille de Marj as-Suffar en 1303 contre les Mamelouks. Cette victoire renforce considérablement le pouvoir des Mamelouks, qui conserveront le contrôle de la Palestine et de la Syrie jusqu’à la conquête ottomane en 1516.
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