Le 7 février dernier, Donald Trump a instauré à la Maison-Blanche un « Bureau de la foi », visant à renforcer l’influence de la religion — notamment chrétienne et évangélique — dans les institutions américaines. Bien que cette initiative ait suscité peu de réaction, elle marque une évolution : l’intégration des milieux religieux conservateurs au sein du gouvernement Trump. Explications Depuis son retour à la présidence, Donald Trump multiplie les annonces et les décrets, mais l’un d’eux, pourtant essentiel, est passé relativement inaperçu : la création à la Maison-Blanche d’un « Bureau de la foi » (White House Faith Office – WHFO). Ce bureau a pour mission de conseiller directement le président sur des sujets religieux et sociaux, tout en permettant à des figures religieuses d’intervenir sur l’attribution de fonds publics. « Bring religion back » Les 6 et 7 février 2025, à peine deux semaines après sa réinstallation à la Maison-Blanche, Donald Trump a enchaîné les discours à connotation religieuse, donnant une place centrale au christianisme conservateur. Lors du National Prayer Breakfast, événement annuel organisé au Capitole, il déclare : « l ’Amérique est et sera toujours une nation sous le regard de Dieu », rappelant que George Washington lui-même appelait les citoyens à la prière collective. Insistant sur le besoin de « faire revenir la religion » (« Bring religion back »), le président américain se pose en restaurateur de la tradition religieuse historique. Plus tard le même jour, lors d’un événement parallèle au Hilton de Washington, Donald Trump se félicite d’avoir « éliminé le wokisme » et annonce la création imminente du WHFO. Quelques heures plus tard, il signe un décret lançant un groupe de travail chargé de démanteler les mesures jugées « antichrétiennes » de l’administration précédente, en particulier celles visant les opposants à l’avortement. Des chrétiens conservateurs aux manettes de l’État ? Le 7 février 2025, le décret officiel instaurant le « Bureau de la foi » est signé. Ce nouvel organe d’influence garantit un accès direct des chrétiens conservateurs à l’exécutif. À sa tête, Donald Trump nomme Paula White-Cain, télévangéliste influente, proche de l’ancien président et figure de proue des cercles évangéliques. Elle avait déjà joué un rôle central dans le rapprochement entre la Maison-Blanche et les églises évangéliques sous son premier mandat. La mise en scène de l’annonce, diffusée sur les réseaux sociaux officiels, montre un Trump triomphant, présenté comme le sauveur de la foi chrétienne au sein de l’État. Si cette mesure s’applique à l’ensemble du pays, elle vise avant tout à récompenser l’électorat religieux conservateur, qui l’a largement soutenu : 72 % des chrétiens blancs et 81 % des évangéliques et pentecôtistes ont voté pour lui. Une mesure significative peu relayée Le manque de réaction médiatique face à cette mesure, en dehors des médias religieux, est d’autant plus surprenant que cette décision marque une rupture importante : elle institutionnalise la présence des courants religieux conservateurs dans l’appareil d’État américain. Ce décret remet également en question la séparation historique entre l’Église et l’État, et montre que la légitimité du pouvoir présidentiel semble désormais reposer sur le soutien d’un bloc communautaire spécifique, plutôt que sur les principes démocratiques universels. A lire aussi :