Ce lundi 17 avril, en Tunisie, les autorités ont arrêté le chef du mouvement Ennahda. Principal opposant au président Kaïs Saïed, Rached Ghannouchi, 81 ans, avait affirmé ce week-end que la Tunisie serait menacée d’une « guerre civile ». Ennahda demande, dans un communiqué, sa « libération immédiate ». Le zoom de la Rédaction.
Interpellé à son domicile à Tunis au moment de l’iftar, le repas de rupture de jeûne du ramadan, Rached Ghannouchi aurait été emmené dans une caserne de police pour un interrogatoire. Ses avocats n’ont pas été autorisés à y assister.
Cette absence d’informations fait dire au parti que Rached Ghannouchi a été enlevé. C’est ce qu’indique le vice-président d’Ennahda Mondher Lounissi, lors d’une conférence de presse, dénonçant un « développement extrêmement grave » et appelant à sa « libération immédiate ».
Son arrestation ferait suite à des déclarations récentes de Ghannouchi, rapportées par des médias, dans lesquelles il a affirmé que « la Tunisie serait menacée d’une guerre civile si l’islam politique y était éliminé ».
Une source au ministère de l’Intérieur indique d’ailleurs que ces propos ne seraient pas étranger à son interpellation.
Une série d’arrestation de personnalités publiques en Tunisie
Le chef du parti Ennahda n’en est pas à sa première tracasserie judiciaire avec les autorités tunisiennes. Rached Ghannouchi avait comparu deux fois, en février et en novembre 2022, au pôle judiciaire antiterroriste à la suite d’une plainte policière et une affaire liée à l’envoi présumé de jihadistes.
En juillet 2022, énième interrogatoire pour des soupçons de corruption et blanchiment d’argent.
Son arrestation ce lundi s’inscrit par ailleurs dans une offensive judiciaire menée ces derniers mois contre des opposants, anciens ministres et hommes d’affaires, qui avait mené à l’incarcération du patron de la première radio privée du pays, Mosaïque FM.
Une « vengeance aveugle contre les opposants »
Le président Kaïs Saïed, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs depuis son coup de force de juillet 2021, est régulièrement accusé de mener une politique autoritaire. Le président du FSN (Front de salut national), Néjib Chebbi, relève :
L’arrestation du chef du plus important parti politique au pays, et qui a toujours montré son attachement à l’action politique pacifique, marque une nouvelle phase dans la crise. Cela relève de la vengeance aveugle contre les opposants
Cette arrestation montre un renforcement autoritaire du régime en visant une personnalité politique emblématique du pays, Rached Ghannouchi, revenu en Tunisie en 2011 après la chute de Ben Ali et vingt ans d’exil passés à Londres.
Le motif de son arrestation n’a toujours pas été annoncé officiellement.