Du corps comme rapport avec le Cosmos au corps marchandisé, retour avec Rachid Achachi sur une relation mal connue qu’il aborde brièvement dans sa dernière chronique que publie Mizane.info.
Il ne me paraît pas vain d’interroger brièvement faute de pouvoir le faire exhaustivement la question du corps et de ses métamorphoses, à une époque où il est placé, de manière obnubilante, au centre de tous les débats, des plus futiles au plus pertinents ….
Interpeller ce corps infra-dermique dont la peau serait l’horizon ontologique, ce corps moderne, nouveau réceptacle d’un sacré dont le monde est désormais dépourvu.
Un monde réduit à un environnement, à une chose, à un objet, projeté devant un sujet coïncidant avec un corps individuel, produit d’un décentrement pluriel et enfanté par une modernité dont la victoire à la Pyrrhus aura été de décosmiser le corps. Un corps qui pendant des millénaires à été le référentiel au travers duquel le cosmos été représenté, voir mesuré.
Souvenons-nous qu’on mesurait les distances en coudés, ou en pieds, qu’on parlait de pied de la montagne, d’une tête d’épingle ou encore d’un œil en arabe pour désigner une source d’eau. Ce corps pré-moderne était la résultante dans une perspective mésologique d’une trajection ou d’un dialogue permanent entre deux corps, ou deux moitiés d’un même corps.
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Entre un corps animal en tant que pôle biologique, et un corps social, culturel ou médial, en tant qu’interrelation de trois dynamiques :
-La transformation (anthropisation) de l’environnement par la technique.
-L’humanisation de l’environnement par le symbole.
-Et la rétroaction des deux dans l’hominisation du corps animal.
Ainsi, la cosmisation du corps et la somatisation du monde, fondaient le corps humain dans toute sa plénitude cosmique, un corps éco-techno-symbolique qui constituait autant notre corps médial que notre milieu.
Du corps cosmique, nous voilà réduit à un corps individuel évoluant dans un environnement hostile, un corps dont la fin, entendons par là la mort, serait la fin de tout. Un corps moderne qui dans sa phase décadente, a pris la forme terminale d’un “corps-marchandise”, puisqu’aujourd’hui il n’est pas rare d’entendre dire ici et là « mon corps m’appartient » et « j’en fais ce que je veux ».
Un corps-marchandise donc un corps désirable et désiré, à une époque où le désir en tant qu’expression d’une pseudo-liberté est réduit à l’acte d’achat, unique et ultime rituel d’une société marchande, où l’argent comme nous l’apprend Karl Marx devra triompher de toute autre forme de propriété privée.
Souvenons-nous de la phrase de Pierre Bergé qui en tant qu’avant-garde de la marchandise intégrale avait dans toute sa bigoterie capitaliste affirmé qu’il n’y avait aucune différence entre louer son ventre pour faire un enfant et louer ses bras pour travailler à l’usine.
Rachid Achachi
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