Alors que plusieurs compétitions européennes autorisent des pauses pour permettre aux joueurs musulmans de rompre leur jeûne pendant le Ramadan, la Fédération française de football, cette année encore, refuse toujours d’instaurer des pauses permettant aux joueurs de rompre leur jeûne durant les rencontres officielles. Zoom
Le Ramadan a commencé le 1ᵉʳ mars 2025 en France, marquant un mois de jeûne pour des millions de musulmans, y compris de nombreux joueurs de football professionnels. Contrairement à plusieurs fédérations européennes (Belgique, Angleterre, Allemagne et Pays-Bas), qui autorisent des pauses pour permettre aux joueurs musulmans de rompre leur jeûne, la Fédération française de football (FFF) reste inflexible, invoquant le principe de « neutralité ».
Un silence qui en dit long
Selon Le Parisien, la FFF s’appuie sur l’article 1.1 de son règlement ainsi que sur son code d’éthique et de déontologie. Pour l’instance dirigeante, accorder une pause pour des raisons religieuses pourrait être perçu comme une forme de « prosélytisme », ce qui contrevient au principe de neutralité du sport en France.
Dans une publication sur X, le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe (CCIE) rappelle qu’en 2024, Éric Borghini, président de la Commission fédérale des arbitres, avait déclaré : « Il y a un moment pour pratiquer le sport et un moment pour vivre sa religion », une déclaration qui avait suscité une vive polémique dans le milieu sportif.
Cette année, la FFF a choisi de ne pas s’exprimer sur le sujet, mais ce silence alimente la controverse. D’après La Gazette du Fennec, relayée par le compte X Cerfia, la Fédération aurait préféré rester discrète pour « éviter toute nouvelle polémique ».

Une loi contre le voile dans le sport en gestation
Le refus de la FFF d’autoriser une pause pour la rupture du jeûne, combiné à l’adoption récente par le Sénat d’une loi interdisant les signes religieux dans le sport, alimente les accusations d’islamophobie institutionnelle.
En février, le Sénat avait adopté une proposition de loi interdisant le port de signes religieux dans les compétitions sportives et les piscines municipales. Le sénateur socialiste Akli Mellouli avait vivement critiqué cette mesure, la qualifiant de « xénophobe et raciste », affirmant qu’elle cible principalement les femmes musulmanes portant le voile.
« On prétend vouloir les émanciper, mais on les empêche d’accéder aux espaces de socialisation et d’émancipation », avait-il dénoncé.
Lire sur le sujet : Les joueurs doivent refuser le règlement antimusulman de la FFF
Une discrimination institutionnelle
De nombreux acteurs associatifs et politiques accusent la FFF et le gouvernement français d’instrumentaliser la laïcité pour justifier une discrimination à l’égard des musulmans. Pendant que l’Assemblée nationale doit encore examiner la proposition de loi, ces décisions risquent d’accentuer les tensions sur la place de l’Islam dans l’espace public français.
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