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Riyaad Ouakrim : « La communauté relie les individus à un idéal commun »

« L’école d’Athènes » de Raphaël. 

Une communauté véritable est un « ensemble d’individus pénétré par une même valeur transcendante », écrit Riyaad Ouakrim dans un texte publié dans le cadre d’un dossier exclusif consacré à la notion de communauté, sur Mizane.info.

Définir ce qu’est une communauté n’est pas chose aisée, tant elle s’est incarnée sous différentes formes tout au long de l’histoire humaine. Les Grecs de l’antiquité se définissaient en des termes transcendants : concepteurs de la civilisation et de la cité, se considérait supérieur l’homme hellène car il arborait à la fois un idéal sociétal novateur, et affichaient des mœurs raffinées.

Le milieu du Ier siècle devait ajouter un élément majeur à l’équation identitaire grecque : la foi en l’Église Orthodoxe. L’exemple de l’identité hellénique me parait pertinent à évoquer, tant il illustre le peuple qui, doté d’une forte identité influente, vit sa conscience identitaire muer au rythme, également, des influences extérieures. Considérons cette introduction comme un avant-propos, me permettant d’introduire la notion d’identité, et enfin celle de la communauté.

 La métaphysique comme dénominateur commun

Tout d’abord, c’est la conscience collective qui définit la nature même de son identité. Une conscience qui s’élabore en fonction de paramètres complexes, de péripéties mouvementées, et régis par des valeurs transcendantes. Ces valeurs renvoient certes à des réalités différentes. Nous avions énoncé l’exemple hellénique, mais bien d’autres entités humaines se référaient et se réfèrent encore à des valeurs supérieures distinctes. L’idée demeure néanmoins.

Riyaad Ouakrim.

Ainsi, qu’elle soit d’ordre clanique, politique ou religieuse, l’identité s’établit en fonction des aléas civilisationnels, dans lesquels les notions d’ordres métaphysiques tiennent une place fondamentale. Là est le dénominateur commun.

Les mythes et les légendes étaient l’expression de cette nature ontologique contenue en l’homme, et c’est par cette dernière que les entités humaines ont eu à composer avec leur environnement, et donc à penser leur place au sein d’une structure naissante ou évolutive, à l’image d’un philosophe grec, romain, ou musulman méditant à travers un paradigme environnant.

Nous l’avons vu, l’identité est l’affaire d’une construction qui n’est pas moins régie par des notions supérieures et communes à toutes les civilisations. En découle la nécessité d’organisation, soit la concrétisation de l’identité sur le plan social et sociétal. Ainsi naît la communauté.

Elle relie ces individus dans un rapport de soumission à un idéal commun, hiérarchisant dans un souci d’ordre – sans lequel il ne saurait subsister – les appartenances, et donnant in fine un sens pratique aux valeurs fondamentales. C’est ainsi que nous pourrions concevoir la communauté à une échelle microscopique et dans sa représentation la plus générale, sans égard pour les rouages dont on devine qu’ils ne peuvent que différer selon les aires civilisationnelles.

Les aléas historiques de la communauté

En effet, l’architecture d’une communauté a ses déclinaisons. Une identité peut être d’autant plus multiple que ses détenteurs ont souvent eu à les hiérarchiser dans un espace tout aussi complexe, au risque de contrevenir à un équilibre, et donc, dans le pire des cas, donner naissance à des oppositions doctrinales – c’est-à-dire, ici, à une reconsidération de la hiérarchie des valeurs primordiales.

Dans une perspective plus moderne et plus communément admise, cette scission serait synonyme de séparatisme : parce que le sentiment national n’est pas assez fort pour que l’on se sente appartenir à une nation, on fera sécession au nom d’une identité ethnico-culturelle ancrée dans l’histoire, et que l’on jugerait de surcroit légitime à briser le lien de citoyenneté ou de sujet. C’est l’Arménien qui s’oppose à l’Ottoman, le Breton au Français ou encore le Catalan à l’Espagnol.

Les confrontations entre citoyens d’une même nation, sur base identitaire – à l’image de cette éternelle opposition entre identité arabe et identité berbère –, illustre l’importance de la conscience identitaire dans la définition d’une communauté.

Quand Ibn Battuta, célèbre voyageur médiéval, entreprenait son long périple à travers l’Orient, il savait que le monde musulman était un espace divisé, fait de peuples divers, et d’antagonismes à la fois dogmatiques et politiques. Or, au-delà de sa quête première qui était de visiter les ordres et les tombeaux soufis, il désirait également constater une autre réalité : que malgré cet état de fait, l’unité de la foi demeurait.

Ainsi, nous en venons à ce qui me parait relever d’une communauté véritable : elle est cet ensemble d’individus pénétré par une même valeur transcendante, à même de supplanter toute autre espèce d’appartenance. Elle est en somme, dans le cas du monde musulman, le dévot imprégné par la transcendance divine et les enseignements de son prophète.

Riyaad Ouakrim

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