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Roohi Tahir : A Gaza, la résistance par le Coran

Comment expliquer l’extraordinaire force de résistance et de résilience du peuple palestinien assassiné quotidiennement et victime d’un génocide orchestré froidement à Gaza par l’armée israélienne ? Pour Roohi Tahir, du Yaqqen Institute, la réponse se trouve dans le Coran.

Au milieu du génocide dévastateur qui fait rage à Gaza, des décombres émerge une lumière indestructible qui a captivé les cœurs des gens du monde entier : la foi et la résilience du peuple de Gaza. Ce n’est pas la première guerre. Malheureusement, ce n’est pas non plus la première fois qu’un nettoyage ethnique d’un peuple autochtone se produit aux mains d’un occupant tyrannique. Souvent décrite comme une prison à ciel ouvert et un camp de concentration, Gaza a été prise en otage et est désormais confrontée à la famine, avec un accès limité, voire inexistant, aux éléments

La puissance de transformation du Coran

Pourtant, nous voyons leur espoir. Les survivants sont miraculeusement capables de se relever et de continuer, malgré le fait qu’ils aient tout perdu à maintes reprises. Ce ne sont pas des gens ordinaires ; leur dignité et leur courage transparaissent sur nos écrans. En tant que population à majorité musulmane, ils enterrent leurs proches en signe de gratitude pour chaque souffle donné par Dieu et avec la certitude qu’ils les retrouveront au paradis.

Leurs yeux et leur cœur sont fixés sur la vie éternelle à venir. Les habitants de Gaza vivent dans ce monde en sachant qu’il n’est pas le summum et la fin de tout comme le prétend le sécularisme moderne. Trahis et abandonnés par la grande majorité du monde, ils voient la dure réalité d’un monde injuste qui ferme les yeux sur leur sort et ignore leurs cris.

Pourtant, ils restent déterminés. Leur foi ne peut être réduite au silence. Qu’ils soient jeunes ou vieux, leurs voix portent la conviction que la véritable victoire s’obtient en redirigeant leurs craintes et leurs plaintes vers Dieu, le Tout-Puissant, tout en faisant preuve de constance en refusant d’abandonner la bataille. Leur gratitude est fermement ancrée dans la croyance que, malgré leurs circonstances misérables et désespérées, ils ont déjà atteint la plus grande provision de cette vie : la direction divine. C’est pourquoi ils investissent de tout cœur leurs efforts vers les récompenses éternelles à venir.

Cela se manifeste par leur servitude, leur adoration et leur confiance en Dieu. C’est cela la foi en action, c’est cela l’islam : une soumission totale à Dieu. Ils font preuve de patience, de gratitude et de confiance dans la promesse divine du paradis. C’est la source de la paix intérieure et du contentement que nous voyons se manifester dans l’éclat indubitable sur leurs visages, au milieu des larmes et des sourires, et sur les visages de ceux qui restent.

Cet article met en lumière la nature transformatrice de la guidance divine qui inspire et produit une foi et une résilience exemplaires. En démontrant comment la guidance divine inspire non seulement le peuple de Gaza, mais toute l’humanité, il passe en revue l’impact profond et intemporel du Coran sur la foi, le caractère et la détermination des chercheurs sincères de la vérité, passés et présents.

Chercheurs de vérité et gens du Coran

En plus de la destruction de Gaza, nous assistons à une bataille pour la  vérité  comme jamais auparavant. Une guerre sans précédent est menée pour contrôler le récit public, avec un assaut quotidien de rapports médiatiques contradictoires et des tentatives éhontées des dirigeants politiques de justifier les atrocités qu’ils infligent, obtenir des soutiens et améliorer leur propre image publique. La sincérité, l’intégrité et la crédibilité sont devenues rares. A cela s’accompagne une prise de conscience accrue de la bataille intérieure qui se déroule en chacun de nous pour discerner la vérité par nous-mêmes.

C’est la bataille perpétuelle que chaque individu doit mener dans son cœur et son esprit, avec un niveau d’introspection qui exige une attention particulière. Défendre la vérité est le but et la poursuite de cette vie, et c’est le seul moyen d’atteindre le salut dans l’au-delà. La bataille pour la vérité ne se limite pas à l’arène politique mais s’étend à tous les domaines de la vie ; personne n’est à l’abri de se détourner de la vérité ou de s’en égarer, et cela a des conséquences désastreuses. C’est pourquoi il nous est commandé d’implorer Dieu quotidiennement afin qu’il nous garde fidèles à la vérité qui est le droit chemin.

Lorsque nous comprenons la réalité de cette vie, l’histoire de la civilisation humaine et la faillibilité de l’homme, nous nous attendons à ce que la vérité rencontre une certaine résistance. Tout comme nous savons que les nations s’élèvent et s’effondrent, tout comme les tyrans de ce monde, nous savons que la vérité triomphe toujours du mensonge. La lutte pour défendre la vérité l’emporte et survit toujours. C’est pourquoi, dans l’un des plus courts mais des plus profonds chapitres du Coran, qui englobe l’essence de l’islam, Dieu dit : « Par le passage du temps ! Certes, l’humanité est en grande perte, sauf ceux qui croient, font le bien, s’exhortent mutuellement à la vérité et s’exhortent mutuellement à la persévérance. »

Le célèbre savant musulman Ibn al-Qayyim (mort en 751/1350) explique que la  vérité  évoquée ici doit être démontrée à la fois par la foi et par la pratique, et que chacune de ces deux choses ne peut être respectée qu’en les regroupant mutuellement, tout en étant constamment conscient et en s’efforçant à chaque instant d’éviter la perte ultime dans l’au-delà. Selon lui, le respect de cette vérité « ne peut être atteint qu’en se tournant vers le Coran avec compréhension, réflexion et contemplation, en déterrant ses trésors et en sélectionnant ses perles enfouies, en y recourant avec constance et détermination. Car lui seul assure le bien-être des serviteurs de Dieu dans cette vie et dans l’autre et les conduit sur le chemin de la droiture ».

A Gaza, 40 000 étudiants du Coran

Les habitants de Gaza sont pleinement conscients de la lutte pour la vérité et s’engagent activement à la défendre. C’est leur relation perpétuelle et personnelle avec le Coran qui renforce, nourrit et façonne leur capacité à le faire.  Le « Palestine Chronicle »  rapporte que Gaza compte l’une des populations de mémorisation du Coran les plus importantes au monde, et organise fréquemment des événements d’étude et de mémorisation du Coran dans toute la Palestine.

Selon une estimation, le Waqf islamique de Gaza compterait près de 40 000 étudiants du Coran depuis 2006. Zakariya Alzemly, professeur de science du Coran et de religion comparée à l’Université islamique de Gaza, explique cet engagement remarquable envers le Coran en déclarant : « Le Coran nous réconforte. Nous vivons dans des conditions difficiles, sous pression. Le Coran nous enseigne la patience. »

 C’est le Coran qui leur transmet la connaissance et la perspicacité qui leur permettent d’avoir la conviction et le courage de maintenir le cap pour gagner, malgré les massacres et les nettoyages ethniques en cours. Face à des oppresseurs arrogants qui nient leur droit à l’existence et qui se livrent au génocide et à l’humiliation, les habitants de Gaza voient clairement la lumière de l’espoir et de la victoire. Ils savent que Dieu n’abandonne pas ceux qui L’invoquent sincèrement et défendent la vérité.

Chaque épreuve est accompagnée de la promesse d’une facilité de Sa part. Son guide, le Coran, est cette lumière et la corde du salut à laquelle s’accrocher fermement, au plus profond de toute obscurité. Dieu a un plan, et il y a une sagesse parfaite dans Son timing. Nous voyons à travers les paroles diffusées en direct sur les réseaux sociaux que les habitants de Gaza trouvent réconfort et motivation dans les versets de Dieu, qui les rassurent sur la récompense éternelle qui les attend.

 Leur véracité se trouve dans leur servitude et leur adoration de Dieu seul, en adhérant à sa direction divine, avec des intentions et une conduite sincères. Tels sont les croyants que Dieu loue pour leurs vertus. Dieu leur promet de les réunir au paradis avec les justes parmi leurs proches. Ils seront récompensés pour avoir respecté leur alliance avec Lui, pour avoir maintenu les liens de parenté et pour ce qu’ils dépensent pour Son agrément, tout en Le pensant, en Le craignant et en L’adorant exclusivement.

Dieu dira : « Voici un jour où les véridiques tireront profit de leur véracité. Ils auront des Jardins remplis de ruisseaux, où ils demeureront éternellement. Dieu les agréera, et eux L’agrée. Voilà la plus grande réussite. » …les Jardins de l’Éternité, où ils entreront avec les justes parmi leurs pères, leurs épouses et leurs descendants. Et les anges entreront chez eux par toutes les portes : « Que la paix soit avec vous, parce que vous avez persévéré. Quelle belle récompense que cette demeure qui est la vôtre ! »

Chaque visage à Gaza représente une vie précieuse et sa propre histoire, et nombre de leurs histoires sont devenues virales comme des exemples de vérité, de foi et de résilience. Gagnant l’empathie et les prières de millions d’admirateurs et de sympathisants à travers le monde, leurs histoires sont une source d’inspiration pour ceux qui regardent ces héros des temps modernes se mettre en action pour s’entraider. Incarnant les valeurs du Coran, les habitants de Gaza nous enseignent comment faire le deuil, prier, vivre et mourir.

La Palestine, laboratoire de l’héroïsme de notre temps

Parmi ceux que nous admirons pour sa foi inébranlable se trouve un grand-père bien connu, Khaled Nabhan ou « Amu Khaled », comme le monde l’appelle affectueusement aujourd’hui. Il a perdu deux de ses précieux petits-enfants, Reem, qui, selon lui, était « l’âme de mon âme », et son frère Tarek, âgés de trois et cinq ans seulement. Il se souvient avec tendresse de leurs joyeux souvenirs ensemble – la petite boucle d’oreille de Reem est désormais épinglée à son vêtement, près de son cœur.

Il est remarquable qu’il soit toujours capable de se consacrer à consoler une autre enfant qui vient de perdre sa jambe, en la rassurant sur le fait qu’elle l’attend au paradis. On le voit faire du bénévolat dans les services d’urgences improvisés et diriger les prières funéraires, restant productif aux yeux de son Seigneur, malgré l’immense poids de son propre chagrin.

De courageux photojournalistes et de nombreux autres, encore jeunes, sont aujourd’hui les porte-drapeaux de la vérité et font partie des premiers intervenants sur les lieux après chaque bombardement. Nombre d’entre eux ont déjà perdu des êtres chers et beaucoup d’autres la vie. Ils sont délibérément pris pour cible afin de les empêcher de révéler la vérité sur les atrocités commises.

Wael Al-Dahdouh est un correspondant chevronné d’Al Jazeera qui a perdu sa femme bien-aimée, Amna, son fils de quinze ans, Mahmoud, sa fille de sept ans, Sham, et son petit-fils d’un an et demi, Adam. À peine un mois plus tard, son fils aîné, Hamza, âgé de vingt-sept ans seulement et également journaliste, a été brutalement pris pour cible et tué dans son véhicule. Cela porte à quatre-vingt-cinq le nombre total de journalistes assassinés à l’époque, selon les conclusions du Comité pour la protection des journalistes.

Wael est avant tout un homme de foi et père de huit enfants. La force de sa foi s’est manifestée dès le début de cette terrible nouvelle, lorsqu’il a continué à s’engager dans son travail et à diffuser la vérité, même lorsqu’il a découvert la triste réalité de la mort de ses proches et qu’il a pleuré ses pertes. Dans une interview peu après la première attaque, il a déclaré : « C’est un moment difficile dans la vie d’un journaliste palestinien, lorsqu’il va couvrir un incident pour les médias et découvre que les victimes sont sa propre famille. »

Qu’il s’agisse d’une mère réconfortant ses enfants blottis ensemble avant l’imminente frappe aérienne nocturne, d’un journaliste capturant l’angoisse de ces scènes, d’un homme découvrant que son frère vient de rejoindre les martyrs, ou d’un enfant subissant une opération chirurgicale sans anesthésie, nous avons vu le peuple de Gaza invoquer Dieu avec la même conviction et les mêmes mots puissants qui ont protégé le prophète Ibrahim (AS) du feu ardent dans lequel il a été jeté sur ordre d’un dirigeant tyrannique plusieurs millénaires auparavant, selon les versets du Coran : « Allah seul nous suffit comme secours et Il est le meilleur Protecteur. »

 Ce sont des gens du Coran, ceux qui s’efforcent d’incarner l’excellence de sa guidance, et c’est ainsi qu’ils seront honorés et commémorés. Dans la révélation divine, les habitants de Gaza trouvent les moyens de renforcer leur foi et leur résilience, tout comme le Prophète ﷺ et ses Compagnons l’ont fait lors de la bataille d’Uhud. À Uhud, les musulmans étaient en infériorité numérique et ont subi de lourdes pertes aux mains de l’ennemi. Néanmoins, ils sont restés aux côtés de leur Prophète ﷺ et de leur cause. Ils sont restés inébranlables, comptant sur Dieu pour la victoire, L’invoquant avec la même invocation ( duʿāʾ ).

Roohi Tahir

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