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« Salah Al-Din n’a pas hérité d’un empire, il l’a construit »

Dans sa dernière chronique à lire sur Mizane.info, Islam Belala revient sur la figure de Saladin, alias Salah Al-Din Al-Ayyubi, qui sut combiner pouvoir temporel et spirituel et marqua durablement tant ses soutiens que ses ennemis.

Aujourd’hui, le 4 mars, marque l’anniversaire du décès de Salah Al-Din Al-Ayyubi.

Huit siècles se sont écoulés depuis qu’il a quitté ce monde, et pourtant, son nom demeure vivant, vibrant, chargé d’un respect intact. Il était plus qu’un conquérant, plus qu’un sultan. Il était une vision, une force, un modèle d’intégrité et de justice.

Salah Al-Din n’a pas hérité d’un empire, il l’a construit. Là où d’autres se perdaient dans des querelles intestines et des ambitions personnelles, il a su rassembler, fédérer et bâtir. Sa victoire sur les Croisés ne fut pas seulement celle d’une armée sur une autre, mais celle d’une volonté, d’une discipline et d’une intelligence politique hors du commun.

L’unité des musulmans, un impératif spirituel

Mais ce qui distingue Salah Al-Din de tant d’autres chefs de guerre et souverains, c’est la place centrale que tenait la foi dans son existence. Plus qu’un homme d’État, il était un homme de Dieu. Sa piété n’était pas une simple façade politique, mais un guide profond pour chacune de ses décisions. Il récitait le Coran avec amour, priait avec ferveur, se tenait aux côtés des érudits et cherchait dans la foi la force d’affronter les épreuves du pouvoir. Il voyait dans l’unité des musulmans non seulement un objectif politique, mais un impératif spirituel.

Même en pleine guerre, il était connu pour sa miséricorde. À Jérusalem, il aurait pu répondre aux massacres perpétrés par les Croisés des décennies auparavant. Il n’en fit rien. Il choisit l’honneur et la justice en permettant aux habitants de partir ou de rester en paix. Sa clémence lui valut le respect de ses propres ennemis, qui voyaient en lui un adversaire redoutable, mais digne.

À sa mort, Salah Al-Din ne laissa derrière lui ni richesses accumulées, ni palais somptueux. Ses biens personnels étaient si modestes qu’ils ne suffisaient même pas à payer son linceul. Mais son véritable héritage ne se mesure pas en or ou en terres. Son héritage, c’est la leçon d’un leadership fondé sur la droiture, d’un pouvoir exercé avec humilité et d’un destin écrit avec foi.

Quand Al Aqsa sera libéré !

Aujourd’hui encore, son exemple résonne. La politique est souvent corrompue par l’avidité et l’orgueil, et l’unité est trop souvent sacrifiée sur l’autel des intérêts personnels, Salah Al-Din demeure une réponse et un rappel implacable : la grandeur ne réside pas seulement dans la force, mais dans la justice, pas seulement dans le triomphe, mais dans la manière dont il est obtenu.

Un jour, on m’a rapporté une histoire dont je ne suis pas certain de l’authenticité, mais dont la portée dépasse la question de sa véracité.

On raconte qu’un jour un menuisier travaillait dans son atelier, gagnant sa vie en sculptant le bois. Parmi toutes ses créations, un minbar se démarquait. Plus grand, plus majestueux que les autres, il était l’œuvre la plus aboutie de l’artisan. Chaque détail avait été façonné avec un soin particulier, chaque ornement témoignant d’un effort exceptionnel.

Les clients se succédaient, attirés par la splendeur du minbar. Certains proposaient des sommes considérables pour l’acquérir, mais le menuisier refusait systématiquement. À chaque tentative, il répondait inlassablement :

« Ce minbar n’est pas à vendre. Je l’ai construit pour qu’il soit posé à la Mosquée Al-Aqsa, lorsque la Terre sera libérée des Croisés ».

Les années passèrent, et avec elles, les moqueries. Dans le village, on chuchotait à son sujet :

« Cet homme est fou. Jérusalem est entre les mains des Croisés depuis des années… Qui sait si elle sera un jour libérée ? Pourquoi refuser une fortune pour une simple chimère ? Et puis, croit-il vraiment que le futur conquérant viendrait chercher un minbar dans l’atelier d’un obscur menuisier d’un village reculé ? »

Un jour, Salah Al-Din passa devant l’atelier et entendit cette histoire, alors qu’il était encore enfant. Il écouta le récit de la détermination du menuisier, de sa vision inébranlable et des moqueries qu’il subissait. Il n’oublia pas !

Des années plus tard, lorsque Jérusalem fut enfin libérée, il se souvint de l’artisan. Il se souvint de cet homme qui, dans l’ombre et l’anonymat, avait préparé un minbar pour un jour qu’il ne verrait peut-être jamais de son vivant. Alors, Salah Al-Din fit rechercher le menuisier et son œuvre. Il ordonna que le minbar soit déplacé à Jérusalem et installé dans la Mosquée Al-Aqsa, là où, depuis le premier coup de ciseau dans le bois, il était destiné à trôner.

Les conditions de cette libération

La vie et l’œuvre de Salah Al-Din nous apprennent que la libération d’une terre ne se fait pas uniquement par les épées et les batailles. Elle se forge aussi par les cœurs fermes et les intentions sincères. Elle appartient à ceux qui œuvrent en silence, portés par une foi inébranlable en l’inéluctable.

Et c’est ainsi que Salah Al-Din fut bien plus qu’un conquérant. Il fut un homme qui sut reconnaître la valeur d’un rêve, d’un engagement, d’un serment. Un homme qui, dans la grandeur de ses victoires, n’oublia jamais ceux qui bâtissent dans l’attente du jour où l’Histoire leur donnera raison.

Que Dieu l’élève parmi les justes et que son nom continue d’inspirer ceux qui aspirent à gouverner avec sagesse et droiture.

Islam Belala

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