En France, à contrario avec le reste du monde, le débat autour du port du voile divise les fédérations sportives depuis plusieurs années. Ce mardi 18 février, le Sénat doit étudier une proposition de loi du sénateur (LR) Michel Savin demandant son interdiction totale. Explications.
Ce mardi 18 février, le Sénat examinera la possibilité d’interdire totalement le port du voile dans le sport. Déjà proscrit par certaines fédérations sportives et toléré par d’autres, ce débat sensible expose régulièrement la France à l’incompréhension sur la scène internationale.
Une uniformisation pénale incomprise
La proposition de loi, initiée par le sénateur LR Michel Savin, ne se limite pas aux sportives de haut niveau. Elle vise à interdire les signes religieux dans toutes les compétitions, y compris celles des amateurs. Les parlementaires en débattront à partir du 18 février.
« Une harmonisation (est) souhaitée par beaucoup de fédérations », affirme une source proche du mouvement olympique français. Toutefois, cette uniformisation est loin de faire consensus, notamment parmi les fédérations de handball ou d’athlétisme, qui autorisent leurs licenciées à porter le voile.
Le Conseil d’État, saisi par le collectif des Hijabeuses, avait confirmé en 2023 l’interdiction du hijab dans le football, malgré un avis contraire du rapporteur. Depuis, certaines fédérations, comme celles du volley-ball ou du rugby, ont suivi cette orientation.
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Une interdiction loin de faire l’unanimité
« La laïcité à la française que nous chérissons d’une manière générale ici en France n’est pas forcément comprise à l’international », reconnaît David Lappartient, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Lors des Jeux de Paris, la France a été le seul pays à interdire le hijab aux sportives de sa délégation.
« Ce n’est pas aussi simple que ça de répondre à cette question-là », confesse le président du CNOSF. L’alignement sur la décision du Conseil d’État ne fait pas l’unanimité.
Lire sur le sujet : ONU : l’interdiction du hijab dans le sport en France est « discriminatoire »
« C’est une interprétation particulière de cette décision », analyse Béatrice Barbusse, sociologue du sport et maître de conférences à l’Université Paris Est-Créteil, soulignant que l’interdiction avait été motivée par des risques de troubles à l’ordre public. Or, paradoxalement, « c’est justement ce genre de décision qui risque d’envenimer les choses ».
Des athlètes dénoncent une discrimination
Le sujet avait pris une ampleur particulière lors des Jeux olympiques, où le port du voile avait été spécifiquement interdit aux sportives françaises au nom de la défense de la laïcité. L’athlète Sounkamba Sylla n’avait pu participer à la cérémonie d’ouverture qu’après un compromis, échangeant son voile contre une casquette.
Des critiques internationales avaient suivi cette interdiction, notamment de la part de la boxeuse australienne Tina Rahimi, qui combat elle-même avec un hijab. Des experts mandatés par le Conseil des droits humains de l’ONU avaient également dénoncé une mesure « discriminatoire ».
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