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Sénégal : Une décision française ravive les débats sur les tirailleurs sénégalais

La France a récemment reconnu six tirailleurs sénégalais, ivoiriens et burkinabè comme « Morts pour la France », tués le 1er décembre 1944 à Thiaroye au Sénégal par de l’armée française alors qu’ils réclamaient leur solde. Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a critiqué cette décision. Explications.

80 ans après la tuerie coloniale de Thiaroye, l’Office national français des combattants et des victimes de guerre (ONaCVG) vient d’attribuer le titre de « Morts pour la France » à six tirailleurs, dont quatre originaires du Sénégal, un de Côte d’Ivoire et un de Haute-Volta (Burkina Faso).

Cette décision a ravivé des souvenirs et des débats houleux au Sénégal. Ousmane Sonko, Premier ministre sénégalais, a déclaré : « Ce n’est pas à la France de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauver ».

« Chaque Sénégalais porte encore ce deuil »

Dans les années 1940, 1 300 « tirailleurs sénégalais » avaient été mobilisés de force par la France pour combattre les nazis, avant d’être emprisonnés par les Allemands, puis rapatriés au camp de Thiaroye au Sénégal en novembre 1944. Plusieurs d’entre eux avaient refusé de rentrer dans leurs foyers sans la solde promise mais jamais versée par la France.

Dans le camp Thiaroye, plus d’une dizaine de tirailleurs ont été fusillés le 1er décembre 1944 par des troupes coloniales et des gendarmes français sur ordre de l’armée française. À ce jour donc, seuls six tirailleurs ont été reconnus « Morts pour la France », alors que Paris listait 35 fusillés à l’époque. Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International au Sénégal, explique :

« Chaque Sénégalais porte encore ce deuil. On ne peut pas faire le deuil car la France ne communique pas sur les identités des tirailleurs et les lieux d’enterrement. Tant qu’il n’y a pas cette vérité, les frustrations vont continuer »

Le chiffre 35, listé par la France est minimisé selon les historiens, qui en décomptent près de 300. « Aujourd’hui, on parlerait facilement de crimes de guerre », résume Seydi Gassama.

Une décision « ridicule et insultante »

En 2012, le président François Hollande avait reconnu « la dette de sang qui unit la France à plusieurs pays d’Afrique dont le Sénégal ». Le titre « Morts pour la France » décerné aux six tirailleurs est la seconde « grande étape vers l’apaisement d’une mémoire qui ne peut qu’être partagée entre nos deux pays », selon Aïssata Seck, présidente de l’Association pour la mémoire et l’histoire des tirailleurs sénégalais.

Le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a réagi sur son compte X, demandant à la France de « revoir ses méthodes, car les temps ont changé » :

« Ce n’est pas à elle (la France) de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu’ils méritent »

Le secrétariat d’État français a précisé que la liste des tirailleurs reconnus serait complétée « dès lors que l’identité exacte d’autres victimes aura pu être établie ». Cependant, Seydi Gassama considère cette sélection de six tirailleurs comme « ridicule et insultante » pour les autres tirailleurs et leurs familles.

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