Suite de notre mini-dossier sur les imams. Qu’est-ce qu’un imam ? Shakeel Siddiq répond à cette question dans une chronique à lire sur Mizane.info.
C’est une question que l’on me pose souvent, et elle mérite d’être abordée avec clarté et sagesse.
Un véritable imam réunit deux qualités essentielles :
L’imam est avant tout un croyant ayant reçu une formation sérieuse auprès de savants reconnus. Il est diplômé d’un institut de référence, garantissant un ancrage solide dans les sciences religieuses et la pédagogie. Cette formation lui permet de remplir sa mission avec justesse et responsabilité.
2. La crainte de Dieu (Taqwâ)
Mais le savoir seul ne suffit pas. L’imam est aussi et surtout un homme animé par la crainte révérencielle de Dieu, par le désir sincère de guider avec loyauté et bienveillance les fidèles sur le chemin de la droiture, tel que révélé dans le Coran.
De ce fait, l’imamat ne peut être réduit à une simple fonction administrative ou à un rôle façonné par des logiques extérieures à la foi. Il suppose une fidélité spirituelle profonde. Lorsqu’un imam coopère avec les autorités politiques ou choisit de garder le silence face à des décisions qui semblent contraires à l’éthique spirituelle — telles que l’exclusion injustifiée de confrères ou la fermeture non justifiée de lieux de culte —, cela interpelle. Non pour juger les intentions, mais parce qu’un imam, par essence, est gardien d’une parole libre et juste, guidée par la crainte de Dieu et le devoir de vérité, même dans des contextes sensibles. Il ne s’agit pas ici de juger, mais de rappeler que l’autorité religieuse authentique repose sur la droiture morale, la justice et la vérité. Bien sûr, lorsqu’il s’agit de mesures visant à protéger la société contre des discours haineux ou des incitations à la violence, la vigilance, je dirais même la fermeté, reste un devoir.
Où un imam peut-il exercer sa mission ?
La tradition islamique nous enseigne que « la terre entière a été rendue pure et lieu de prière pour moi » (ḥadith). Ainsi, le rôle de l’imam ne se limite pas à la mosquée. À l’époque du Prophète ﷺ, il n’existait pas encore de mosquées construites à La Mecque. Pourtant, la prédication, la prière et l’enseignement s’y déroulaient pleinement — parfois dans des maisons, parfois dans les rues ou aux abords de la Ka‘ba. Ce rappel historique souligne que la mission de l’imam dépasse largement les murs d’un bâtiment.
Si certains contextes restreignent aujourd’hui son accès aux lieux traditionnels de culte, l’imam peut continuer à transmettre, enseigner et inspirer dans d’autres espaces, notamment à travers les outils numériques, qui offrent encore des opportunités précieuses de partage spirituel.
Enfin, rappelons que, dans certains pays, des imams respectables sont aujourd’hui détenus alors qu’ils n’ont été ni jugés ni condamnés pour aucun crime. Leur éloignement des mosquées ne les prive pas de leur dignité ni de leur vocation. Le lieu ne définit pas la mission : c’est l’intention sincère, le savoir éclairé et la crainte de Dieu qui font l’imam.
NB : un imam reste bien entendu un homme qui peut fauter.
