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Sohravardi : « Celui qui recherche gloire et récompense n’est qu’un mercenaire »

Philosophe et mystique persan, fondateur de la philosophie « illuminative », Sohravardi  fut surnommé le « chef de l’école des Orientaux » par le penseur Molla Sadra. Plongée dans une œuvre théosophique lumineuse.

« Eprouver ce monde-ci comme monde de l’exil, c’est savoir que l’on vient d’ailleurs, d’un autre monde vers lequel il s’agit de retrouver le chemin. Pour se frayer cette voie, il faut aller à l’encontre des normes établies en ce monde, à l’usage de ceux qui s’y sont installés, pour avoir succombé au monde issu de l' »aile gauche », en oubliant qu’ils venaient d’ailleurs et comment y retourner. » L’archange empourpré, Sohravardi.

« La générosité consiste à combler un désir, sans attendre quelque chose en retour. Celui qui recherche gloire et récompense n’est qu’un mercenaire. De même celui qui cherche par là à échapper au blâme ou à quelque chose de tel. Rien n’est plus généreux que ce qui est Lumière, dans la réalité constitutive de son être, car la Lumière s’épiphanise et effuse par soi-même sur tout réceptacle. Le roi au sens vrai, c’est celui qui possède l’essence de toute chose, mais dont l’essence n’appartient à aucune, et c’est la Lumière des Lumières. » Le Livre de la sagesse orientale, Sohravardi.

« Lorsque tu as compris que la jouissance consiste en ce qu’un être atteigne à ce qui lui correspond, et en ce que cet être perçoive qu’il a atteint cette chose ; qu’en revanche la souffrance d’un être consiste en ce qu’il ait conscience d’avoir atteint quelque chose en discordance avec lui-même, et qu’il le perçoive quant à cette discordance ; [lorsque d’autre part tu as compris] que tous les actes de connaissance viennent de la Lumière immatérielle, car il n’est rien de plus cognitif que celle-ci – , alors il n’est rien qui soit plus sublime ni plus délectable que sa perfection et que d’être en accord avec elle. » L’archange empourpré, Sohravardi.

« L’homme (…) se libère de son corps (qâlib, le « moule ») ; il se dirige vers le monde de la Magnificence et poursuit son ascension (mi’râj) jusqu’à l’horizon suprême. A quelque moment qu’il le veuille et qui lui convienne, la chose lui est aisée. Quand il se considère soi-même, il est alors rempli d’allégresse, car il contemple les Lumières divines se levant et se répandant sur lui. Mais cela est encore imperfection.

Lorsqu’il pénètre plus loin, il dépasse également cette station. Il devient tel qu’il ne considère plus son moi propre, et que le sentiment de sa propre ipséité est aboli. C’est cela que l’on appelle l’« annihilation majeure » (fanâ-ye kobrâ). Lorsqu’il a non seulement oublié son propre moi, mais oublié même l’oubli même l’oubli de son moi, c’est ce que l’on appelle « annihilation dans l’annihilation » (fanâ dar fanâ). Tant que l’homme trouve satisfaction dans son acte de connaître, il est encore en deçà du but, et l’on considère même cela comme faisant partie du shirk déguisé.

Non, l’homme n’arrive à la perfection qu’au moment où son acte de connaître est absorbé, occulté, dans celui (l’objet) qu’il connaît, car quiconque trouve satisfaction à la fois dans l’acte de connaissance et dans l’objet qu’il connaît, est dans le même cas que celui dont l’intuition est dédoublée. Il n’est vraiment séparé de la dualité (il ne devient un mojarrad, un anachorète spirituel) qu’au moment où, ressuscité hors de son acte de connaître, il se dresse dans ce qui est l’objet de sa connaissance. Et lorsqu’il émerge même hors des ruines de la condition humaine, cet état est celui que l’on appelle « effacement », et c’est la station mystique que typifie ce verset : « Tout ce qui est sur terre est évanescent, tandis que permane la face de ton Seigneur en sa gloire et sa majesté » (55/26-27). » L’archange empourpré, Sohravardi.

Sohravardi

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