Mizane.info publie la première partie d’une étude scientifique de plusieurs chercheurs malaisiens sur la nécessité de combiner les approches de l’occident et de l’islam dans l’étude de la science et de l’épistémologie.
La relation entre épistémologie et philosophie peut être comparée à un arbre et ses branches. L’arbre philosophique a des branches sous forme de sous-disciplines : philosophie des sciences, éthique, esthétique, anthropologie philosophique et métaphysique. Cette branche de la philosophie des sciences a finalement elle-même des sous-branches et des sous-disciplines, à savoir la logique, l’épistémologie ontologique et l’axiologie. Cependant, le domaine de la philosophie des sciences peut être simplifié en trois questions fondamentales, à savoir : ce que nous voulons savoir (ontologie), comment acquérir des connaissances (épistémologie de la cognition) et quelle est la valeur de ces connaissances pour les humains (axiologie) [13]. Cette recherche tente de positionner l’épistémologie des sciences dans la perspective de l’islam et de l’Occident.
Les limites de la science
En outre, cette intégration de l’épistémologie a également le potentiel d’enrichir la perspective humaine sur le monde et sur elle-même. Dans un monde de plus en plus fragmenté et difficile, combler les différences dans la pensée épistémologique peut aider à créer un dialogue plus constructif entre différentes cultures et traditions intellectuelles.
L’épistémologie est une théorie scientifique qui discute en profondeur de trois questions principales, à savoir la source de la science, la méthode scientifique et la vérité de la science occidentale par rapport à la science islamique. L’épistémologie, en tant que branche de la philosophie qui étudie les origines, les structures et les limites de la connaissance, a prospéré dans les traditions occidentales et islamiques.
Dans ce contexte, de nombreuses études ont abordé les différences et les similitudes entre ces deux traditions épistémologiques ainsi que leur intégration potentielle pour enrichir notre compréhension de la connaissance [16]–[18]. Dans l’épistémologie occidentale, certaines figures clés telles que René Descartes, John Locke et Emmanuel Kant ont joué un rôle majeur dans le développement d’une approche rationnelle et empirique de la connaissance. Descartes, par exemple, a proposé une méthodologie de scepticisme radical et une insistance sur le sujet de la pensée (cogito), qui a placé l’intellect humain comme la principale source de connaissance.
La synthèse de l’islam
Locke, avec son argument empirique, a soutenu que la connaissance vient de l’expérience sensorielle et que l’intellect humain est une table de goût qui n’acquiert la connaissance que par l’expérience. Kant, à travers sa théorie de la critique, a tenté de combiner rationalisme et empirisme en introduisant les concepts de catégories sensorielles et a priori qui façonnent l’expérience humaine [19]–[21].
D’autre part, l’épistémologie islamique a une vision plus inclusive de la connaissance, dans laquelle la révélation, la raison et l’expérience sont les principales sources de connaissance. La pensée d’Al-Ghazali, par exemple, souligne l’importance d’équilibrer la raison et la révélation dans l’acquisition de la vraie connaissance. Al-Ghazali a soutenu que la raison a des limites dans la compréhension de la réalité et que seule la révélation peut fournir une connaissance plus profonde de Dieu et de l’univers.
Ibn Sina (Avicenne), avec son approche rationaliste, a développé une vision plus systématique de la relation entre la raison et la révélation, considérant les deux comme deux voies complémentaires dans la compréhension de la connaissance [22], [23].
L’importance du dialogue entre l’épistémologie occidentale et l’islam est devenue un thème de plus en plus discuté au cours des dernières décennies. Certains chercheurs, comme Muhammad Iqbal, ont proposé que pour parvenir à une compréhension plus holistique de la connaissance, ces deux traditions doivent être intégrées. Dans son ouvrage La reconstruction de la pensée religieuse, Iqbal suggère que la pensée occidentale rationnelle peut être combinée à une dimension spirituelle de l’épistémologie islamique pour créer un cadre plus complet de compréhension du monde.
Intégrer les différents héritages
En outre, une grande partie de la littérature contemporaine examine la pertinence et l’intégration potentielle de ces deux épistémologies dans le contexte de la mondialisation et du pluralisme culturel [24], [25]. Des études récentes ont également montré que cette approche intégrative peut enrichir le développement de la science, en particulier dans les domaines des sciences sociales et humaines, en créant un nouveau cadre de compréhension qui accorde une attention particulière aux valeurs universelles telles que l’équilibre entre ratio et spiritualité.
Cette recherche qui relie l’épistémologie occidentale et islamique offre un grand potentiel pour générer de nouvelles perspectives dans l’éducation, la recherche scientifique et même dans la résolution de problèmes mondiaux qui nécessitent une perspective plus holistique et ouverte [26], [27]. Ainsi, l’étude de l’épistémologie occidentale et islamique et de son intégration n’est pas seulement importante dans un contexte académique, mais également pertinente pour relever les défis intellectuels et pratiques dans un monde de plus en plus connecté et complexe.
Certains affirment qu’épistémè signifie connaissance ou science, tandis que logos signifie la théorie de la nature de la connaissance et de la façon dont nous connaissons [30]. Au départ, le terme épistémologie était utilisé pour distinguer deux branches de la philosophie ; l’épistémologie et l’ontologie.
Comment atteindre la vérité scientifique ?
L’épistémologie peut être interprétée comme l’étude qui analyse et évalue de manière critique les mécanismes et les principes qui forment les croyances. La question de l’épistémologie occupe un sujet si important que le philosophe musulman moderne Muhammad Baqir al-Sadr a déclaré : « Si les sources de la pensée humaine, les critères et les valeurs de la connaissance ne sont pas établis, alors il est impossible de mener une étude, quelle que soit la forme qu’elle prenne » [31].
Dans le monde de la philosophie, l’épistémologie est une branche de la philosophie qui parle de la nature de la science, et en même temps fait de la science un processus, à savoir un effort pour penser systématiquement et pour trouver méthodiquement le principe de vérité contenu dans une étude de la science. L’épistémologie demande quel est l’objet d’étude d’une science, jusqu’où le niveau de vérité peut y être atteint et comment la vérité peut être atteinte dans l’étude de la science ; vérité objective, subjective, absolue ou relative [32], [33].
Les variables humaines
Selon Azizy, l’épistémologie est une philosophie de la science qui tend vers l’autonomie. L’épistémologie semble parler d’elle-même, se disséquant plus profondément. Elle est liée à ce qu’il faut savoir et comment connaître la connaissance. L’épistémologie ou la théorie de la connaissance est alors interprétée comme une branche de la philosophie qui traite de la nature et de la portée de la connaissance, de ses préconceptions et de ses fondements, ainsi que de la fiabilité générale qui peut être comprise pour reconnaître quelque chose comme la science [34].
Cependant, comme l’a déclaré Gadamer, considérant que le sujet de la science est l’être humain, et que les êtres humains vivent dans un espace et un temps limités, l’étude de la science se situe toujours dans les limites, à la fois les limites qui englobent la vie humaine et les limites de l’objet d’étude qui en sont le centre, et chacune de ces limites entraîne toujours certaines conséquences [35].
Refinall, Mahyudin Ritoga, Rusydi, et Riki Saputra de l’université Muhammadiyah Sumatera Barat, Indonésie.
Notes :
[13]M. Muhamad Subhi Apriantoro, “The Epistemology of Ushul Fiqh Al-Ghazali in His Book Al-Mustashfa Min Ushuf Fiqh,” Profetika J. Stud. Islam, vol. 22, no. 2, pp. 229–236, 2021, https://doi.org/10.23917/profetika.v22i2.16668.
[14]M. Adi Haironi, “Implementasi Metode Taḥfīẓul Qur’an ‘Sabaq, Sabqi, Manzil’ Di Marhalah Mutawasithah Dan Tsanawiyah Putri Pondok Pesantren Imam Bukhari Tahun Pelajaran 2010-2014,” Ums, 2016.
[15]Nuha. M, “Kontekstualisasi Makna Zakat: Studi Kritis Kosep Sabilillah MenurutMasdar Farid Mas’udi,” in The 3rd University Research Colloquium 2016, 2016, pp. 185–191.
[16]T. Sanyoto, N. Fadli, R. Irfan Rosyadi, and M. M, “Implementation of Tawhid-Based Integral Education to Improve and Strengthen Hidayatullah Basic Education,” Solo Univers. J. Islam. Educ. Multicult., vol. 1, no. 01, pp. 30–41, 2023, https://doi.org/10.61455/sujiem.v1i01.31.
[17]M. Apriantoro, A. Suryaningsih, and M. M, “Bibliometric Analysis of Research Development of Economic Dispute Settlement,” in EUDL European Union Digital Library, 2023. https://doi.org/10.4108/eai.19-10-2022.2329068.
[18]M. M. Nugroho. M, “Outsourcing System in View of Islamic Law : Study on Employees at Universitas Muhammadiyah Surakarta,” in Proceedings of the International Conference on Engineering, Technology and Social Science (ICONETOS 2020), Atlantis Press, 2021, pp. 91–95.
[19]A. Umi Markhamah Zahra Ayyusufi and A. Anshori, “Evaluation of the Cipp Model on the Tahfidz Program in Islamic Boarding Schools,” J. Pendidik. Islam, vol. 5, no. 2, pp. 466–484, 2022, https://doi.org/10.31538/nzh.v5i2.2230.
[20]A. Amrin, K. Khairusoalihin, and M. M, “Tax Modernization in Indonesia: Study of Abu Yusuf’sThinking on Taxation in the Book of Al-Kharaj,” Profetika J. Stud. Islam, vol. 23, no. 1, pp. 30–42, 2021, https://doi.org/10.23917/profetika.v23i1.16792.
[21]W. Waston, S. Amini, and M. Arifin, “A moral-based curriculum to improve civilization and human resource development in Bangladesh,” Multidiscip. Rev., 2024.
[22]D. Astuti, E. Supriyanto, and M. Muthoifin, “Model Penjaminan Mutu Ketercapaian Kompetensi Dasar Dalam Sistem Pembelajaran Online Pada Situasi Work From Home (Wfh),” Profetika J. Stud. Islam, vol. 21, no. 1, pp. 129–139, 2020, https://doi.org/10.23917/profetika.v21i1.11655.
[23]S. Anwar et al., “Development of the concept of Islamic education to build and improve the personality of school-age children,” Multidiscip. Rev., vol. 7, no. 8, p. 2024139, May 2024, https://doi.org/10.31893/multirev.2024139.
[24]N. Jaafar, J. H. Srifyan, and W. Mahir, “Tracing the Correlation Between Islamic Law and Economics in Indonesia : Theoretical and Practical Perspectives,” Solo Int. Colab. Publ. Soc. Sci. Humanit. Publ. Soc. Sci. Humanit., vol. 2, no. 1, pp. 73–84, 2024.
[25]S. A. F. Lingga, S. Salminawati, A. Mustaqim, and P. Kurniawan, “History of the Development of Philosophy and Science in the Islamic Age,” Solo Int. Collab. Publ. Soc. Sci. Humanit., vol. 1, no. 01, pp. 01–11, 2023, https://doi.org/10.61455/sicopus.v1i01.5.
[26]D. W. Wijianto, A. M. U. Nurinnafi’a, and …, “Implementation of Islamic Ethics in Pharmaceutical Services: A Literature Review Approach,” Solo Int. Collab. Publ. Soc. Sci. Humanit., vol. 1, no. 3, pp. 181– 188, 2023, [Online]. Available: https://journal.walideminstitute.com/index.php/sicopus/article/view/64
[27]R. A. Syam, T. A. Hutama, I. Subekti, A. Nareswara, F. Bariyah, and R. Aulia, “The Relationship of Islamic Law and Ethics in Pharmacist Practice : A Literature Review,” Solo Int. Collab. Publ. Soc. Sci. Humanit., vol. 1, no. 3, pp. 173–180, 2023.
[28]M. M,and F. Fahrurozi, “Nilai-Nilai Pendidikan Tauhid Dalam Kisah Ashabul Ukhdud Surat Al-Buruj Perspektif Ibn Katsir Dan Hamka,” Profetika J. Stud. Islam, vol. 19, no. 2, pp. 163–174, 2018, https://doi.org/10.23917/profetika.v19i2.8123.
[29]A. H. M, Didin Saefuddin, “Pemikiran Pendidikan Ki Hadjar Dewantara Dalam Perspektif Pendidikan Islam,” Ta’dibuna J. Pendidik. Islam, vol. 2, no. 2, pp. 155–200, 2013, https://doi.org/10.32832/tadibuna.v2i2.562.
[30]M. Abuzar and A. Nirwana, “Night Work Culture in Professional and Sharia Perspectives,” Solo Int. Collab. Publ. Soc. Sci. Humanit., vol. 2, no. 3, pp. 268–281, 2024.
[31]R. Shodiqoh, “Digital Ethics : Social Media Ethics in a Contemporary Islamic Perspective,” Solo Int. Collab. Publ. Soc. Sci. Humanit., vol. 2, no. 3, pp. 215–226, 2024.
[32]S. N. Asia and M. S. Apriantoro, “Analysis of Islamic Economic Law on Fishing Pool Business in Indonesia,” Demak Univers. J. Islam Sharia, vol. 1, no. 1, pp. 1–11, 2023, https://doi.org/10.61455/deujis.v1i01.7.
[33]S. Shobron, M. Nur, and R. Maksum, “Humanist Education the Dayak of Kalimantan Indonesia Islamic Perspective,” Solo Univers. J. Islam. Educ. Multicult., vol. 1, no. 1, pp. 17–25, 2023, https://doi.org/10.61455/sujiem.v1i01.27.
[34]S. A. F. Lingga, S. Salminawati, A. Mustaqim, and P. Kurniawan, “History of the Development of Philosophy and Science in the Islamic Age,” Solo Int. Collab. Publ. Soc. Sci. Humanit., vol. 1, no. 01, pp. 01–11, Sep. 2023, https://doi.org/10.61455/sicopus.v1i01.5.
[35]T. A. Rafsanjani, M. Abdurozaq, and R. Saputro, “Multicultural Learning : Christian Students at Muhammadiyah Mayong Senior High School,” Solo Univers. J. Islam. Educ. Multicult., vol. 3, no. 1, pp. 1–10, 2025.