L’humoriste engagé Yassine Belattar exprime son sentiment sur l’évolution politique inquiétante de la France dans un billet que reproduit Mizane.info.
Le fils du tirailleur n’est jamais tiraillé…
Le climat ambiant fait sortir de nous une nature qui peut interroger notre absence ces dernières années concernant ce conflit. Un Occident qui nous apprend à nous soucier de nous-mêmes sans se positionner dans un Monde qui avance.
Il est indéniable que nous avons raté cette mondialisation dont nous aurions pu être les le flambeau. Au lieu de ça, notre pays flambe simplement avec des débats aussi insultants que malvenus. Un rien devient un tout dans nos médias et ces six dernières semaines racontent un système médiatique autocentré qui sépare une communauté nationale fragile.
Ces derniers jours furent difficiles et ils se terminent dans une émission dont je vous laisserai juge sur le fond et la forme.
Malgré le fait de m’interdire de passer dans les médias vus les mots utilisés pour me définir à cause de ma couleur de peau ainsi que mes convictions, je me devais de combattre le doute infusé par l’extrême droite et une partie des médias.
Je suis petit fils d’un tirailleur Marrakchi nommé Abdeslam Belattar numéro de matricule 412166.
De Monte Cassino pour combattre le fascisme en passant par Belfort où il combattu le nazisme et en y étant blessé, il a servi ce pays qui voudrait aujourd’hui me faire douter de mon appartenance.
J’ai été français avant même de naître.
C’est ce patrimoine qui fait que je ne baisse pas la tête, qui fait que je n’accepterai jamais de voir une once d’antisémitisme que nos aïeux ont combattu en tabassant des nazis.
Regarder votre histoire familiale dans les yeux vous fera regarder vos interlocuteurs dans les yeux aussi. Ne gâchez pas notre éducation et notre héritage dans des discussions futiles.
J’ai pleuré en quittant ce plateau en rangeant la carte de mon grand-père dans ma poche en me disant que la sortir était déjà un échec.
Je viens de réaliser ce soir à quel point je suis triste pour lui et ses compagnons de guerre qui nous demanderaient comment nous en sommes venus à cette situation aujourd’hui.
Je n’ai donc pas le droit d’être tiraillé car mon grand-père fut tirailleur.
Je le sais auprès d’Allah récemment rejoint par son épouse qui nous a toujours demandé de respecter ce pays dans lequel nous sommes.
Ces plateaux télé blessent mon âme et je les évite pour ne pas avoir mal derrière. Je préfère encore entendre vos rires. Mais comme pour mon grand-père, s’il faut se sacrifier, nous le ferons et nous nous battrons face au même ennemi : l’extrême droite.
Comme l’a dit Aimé Césaire, « l’heure de nous-mêmes a sonné »…
Il est l’heure d’agir alors.
Yassine Belattar