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Zeyneb Sayilgan : « Marie m’a encouragée à ne jamais abandonner »

« J’ai grandi musulmane dans une communauté catholique et Marie représentait un terrain d’entente ». Dans une chronique, publiée dans The Guardian, Zeyneb Sayilgan – chercheuse à l’Institut théologique de Baltimore – témoigne du symbole et de l’importance que représente la figure de Marie, mère de Jésus, dans son cheminement et sa fonction actuelle. Focus.

Malgré certaines différences théologiques, les traditions religieuses chrétiennes et musulmanes considèrent Marie comme une source d’inspiration commune pour cultiver la compassion et l’espoir.

Je venais de terminer un cours sur « Marie en Islam ». De nombreux non-musulmans présents ont été étonnés d’apprendre que les musulmans avaient un lien avec Marie et n’avaient aucune idée de l’importance qu’elle revêt pour nos croyances et nos pratiques. Ce n’était pas vraiment une surprise. La moitié des Américains déclarent ne pas savoir « grand-chose » ou « rien du tout » sur l’islam.

Zeyneb Sayilgan

Un modèle de caractère moral, de confiance et d’espoir en Dieu

En tant que jeune musulmane ayant grandi dans l’État majoritairement catholique de Rhénanie-Palatinat en Allemagne, Marie était une présence constante dans ma vie. Ses images et ses statues, disséminées dans ma ville, me souriaient alors que je me rendais à l’école. À la période de Noël, je me joignais à mes camarades de classe pour chanter des cantiques dédiés à sa personne.

À la maison et à la mosquée, j’ai été fascinée par le caractère exceptionnel de Marie, son courage et son dévouement. Elle est l’une des femmes les plus honorées de l’islam et le Coran consacre tout le chapitre 19 à montrer son statut élevé. Elle est spéciale, non seulement parce qu’elle était la mère de Jésus, mais aussi en raison de sa spiritualité exemplaire, de son adoration et de son service à Dieu.

Pour moi et pour de nombreux musulmans, elle reste un modèle de développement du caractère moral, de la confiance et de l’espoir en Dieu dans les moments de désespoir. Elle démontre que dans l’incertitude, il y a aussi des possibilités. Marie a dû faire face à de nombreuses difficultés, mais elle n’a pas abandonné. En tant que jeune femme qui a rencontré de nombreux obstacles à cause de mon voile, Marie m’a encouragée à ne pas céder aux préjugés et aux stéréotypes. Comme elle, j’ai continué à chercher ma place dans le monde.

La figure de Marie dans la mosquée Ayasofya

En grandissant, j’ai continué à écouter des chants de Noël dédiés à Marie avec mes filles, dont l’une que j’ai appelée Maryam – le nom arabe de Marie dans le Coran. En donnant à ma fille le nom de Marie, j’ai prié pour qu’elle incarne elle aussi sa piété et ces belles vertus de compassion, d’humilité, de courage et d’espoir.

La présence de Marie est visible dans de nombreuses régions du monde musulman. Le mihrab – la structure murale de chaque mosquée qui pointe vers la Kaaba, la direction commune des musulmans en prière – est également le nom du sanctuaire privé de Marie, mentionnée dans le Coran.

Lire sur le sujet : Marie, une figure coranique

J’emmène souvent mes élèves à la Maison de la Vierge Marie (Meryem Ana Evi), un lieu de pèlerinage en Turquie où musulmans et chrétiens honorent cette figure sainte. Bien sûr, nous visitons également la basilique Sainte-Sophie à Istanbul et levons les yeux vers Marie, qui veille sur tous les fidèles qui entrent dans la mosquée pour prier. Par respect pour le monothéisme musulman, qui n’autorise aucune image ou statue, le magnifique tableau de Marie est généralement recouvert pendant les heures de prière.

Les mosquées des États-Unis sont fières de porter le nom de Marie et de Jésus. Le Maryum Islamic Center dans le Maryland, le Maryam Islamic Center au Texas et la mosquée Jesus, Son of Mary à New York, tous ces noms rappellent les liens privilégiés entre l’islam et le christianisme.

Un symbole commun entre l’Islam et la christianisme

Marie est un symbole de la relation durable entre les religions abrahamiques. Le Coran reconnaît qu’elle a été élevée dans les fondements de la foi juive et que Jésus était le Messie promis. Les inscriptions coraniques sur Marie et Jésus trouvées dans le Dôme du Rocher du VIIe siècle expriment des points de connexion entre les religions tout en préservant les distinctions théologiques de l’Islam.

Tout au long de ma vie, j’ai appris à mieux connaître la Vierge Marie, la chrétienne. Je n’ai pas pour autant remis en cause mes propres croyances musulmanes ni passé sous silence ces importantes différences théologiques. Pour les chrétiens, Marie reste la mère de Dieu ( Theotokos ) et occupe une place importante dans l’idée de « Dieu fait chair ».

Les musulmans, en revanche, la voient comme la mère du prophète Jésus, qui est pleinement humain et non Dieu incarné. Son importance vient de ses propres traits, comme sa pureté et sa dévotion. J’ai appris à vivre avec ces désaccords et à affirmer ces tensions insolubles. De même, en explorant le portrait musulman de Marie, j’espère que mes élèves ont quitté mon cours avec une meilleure compréhension de son héritage spirituel. Nous étions tous d’accord sur sa compassion expansive et son incarnation de l’espoir.

Les chrétiens et les musulmans représentent ensemble plus de la moitié de la population mondiale. J’espère que nous pourrons honorer Marie ensemble en œuvrant pour une meilleure compréhension mutuelle et l’amélioration de notre famille humaine.

Zeyneb Sayılgan

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