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Zone Interdite/islam radical : des voix dénoncent une « manipulation » médiatique

L’émission Zone Interdite diffusée dimanche 23 janvier sur M6 était consacrée à l’islam radical. Problème : des intervenants présents dans le reportage sur Roubaix ont été sollicités pour s’exprimer sur d’autres sujets. Ils dénoncent une manipulation. Le focus de la rédaction.

C’est un sujet qui rapporte gros en terme d’audience et donc de recettes publicitaires. C’est aussi un thème de campagne idéal pour une classe politique en panne de solution contre le chômage, la pauvreté, le réchauffement climatique, la chute de l’éducation nationale ou la gestion du Covid-19. L’islam radical a bonne presse et M6 n’est pas la moins douée des chaînes pour tirer les marrons du feu. L’émission Zone Interdite est une grande habituée de ce sujet à scandale. Comme promis, le dernier numéro de l’émission n’a pas fait exception à la règle.

Le maire de Roubaix accusé de communautarisme

Intitulé « Face au danger de l’islam radical, les réponses de l’Etat », l’émission s’appuie en partie sur un reportage réalisé à Roubaix. La montée du communautarisme, du séparatisme, de l’islamisme y sont brocardés à coup de poupées sans yeux commercialisés, de commerces halal, de femmes voilées et d’hommes barbus en qamis. Une recette sensationnaliste qui a déjà fait ses preuves dans le passé.

Et pourtant deux polémiques différentes ont particulièrement accompagné ce dernier opus.

Le maire de Roubaix, Guillaume Delbar, a été ainsi accusée de soutenir le communautarisme dans sa ville. En cause : la subvention de l’association Ambitions et initiatives pour la réussite, une association qui propose des cours de soutien scolaire, et dont l’action a été présentée comme du « prosélytisme religieux ». Accusation relayée sur Twitter par le préfet du Nord.

« Des contrôles réalisés par les services de l’Etat ont mis en évidence que l’association AIR dispensait des cours d’arabe à caractère cultuel ». Les subventions ont depuis été suspendues le 1er mars 2021.

La tromperie comme méthode journalistique

Mais une accusation d’une toute autre nature a été également portée, cette fois-ci contre les réalisateurs de l’émission. Plusieurs témoignages ont dénoncé une manipulation.

Des sujets différents présentés aux intervenants, de la bienveillance simulée : les techniques de cette manipulation médiatique auraient permis aux journalistes de M6 d’obtenir des interviews qu’ils n’auraient pu obtenir autrement que par le recours au mensonge.

Des accusations relayées par Lylia Bouziane, une étudiante contactée par la rédaction de Zone interdite estime avoir été « piégée ». Elle déclare que les journalistes qui l’ont contacté lui ont parlé d’un sujet sur le rapport des jeunes à la laïcité. Ravie de voir un sujet différent de la médiatisation habituelle, la jeune femme a accueilli durant 48h les journalistes.

Ces derniers l’ont accompagné « à la fac, en stage, lors de mes cours d’éloquence que j’ai donné à des lycéens, ou encore à une soirée entres amies. » Elle affirme que tous les passages mélioratifs ont été supprimés car ils n’intéressaient pas. « Une fille qui porte le voile et donne des cours d’éloquence, ça n’intéresse pas ! »

Autre exemple. D’après David Guiraud, qui s’exprimait dans un débat contradictoire sur BFM TV avec une journaliste de Zone interdite, une association a été contactée par mail. Voici de quelle manière. Après « une salutation en arabe », le mail indique que la rédaction souhaite tourner un sujet sur « l’islam en France ».

Et la formulation du message indique une bienveillance, voire une volonté de ne plus stigmatiser les « rigoristes » de l’islam. « En France, on se fait clairement un délire sur l’islam, sur le salafisme ou sur les personnes rigoristes. Il y a bien des personnes juives et rigoristes sans que ça ne pose problème », lit à l’antenne David Guiraud.

Le recours à de la tromperie ou à des méthodes violant la déontologie journalistique dans le but de recueillir des témoignages sensationnels ne sont pas nouveaux.

En 2016, le Nouvel obs publiait déjà un article indiquant les méthodes que l’émission Zone interdite avait employé pour son numéro sur les banlieues, la drogue, le communautarisme.

Un fixeur témoignait « Une boîte de production [Giraf Prod, ndlr] qui voulait soi-disant réaliser un reportage positif sur la banlieue, loin des clichés sur les islamistes et les dealers, m’a approché. Je l’ai aidée mais à la fin du tournage, elle a trouvé qu’il fallait pimenter, parce que ça ne fonctionnait pas. Ça manquait de “religion” et de “deal”. Elle a alors décidé de tourner d’autres séquences... »

Une version démentie par Giraf Prod qui parle d’« un fixeur aigri ».

« Il devait nous présenter trois familles [qui correspondent à l’angle du reportage Ndlr], mais n’a jamais réussi à le faire. L’accord de départ, c’était de réaliser un reportage objectif sur les ghettos de la République. Lui voulait orienter ça vers quelque chose d’angélique. Mais il n’est pas réalisateur […]. Les deux réalisateurs du reportage, eux, connaissent très bien la problématique. Ils sont d’ailleurs tous les deux issus des cités. »

Six ans ont passé depuis et Zone interdite reste au cœur des polémiques.

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